Traditions
Traditions alsaciennes
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Traditions alsaciennes

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Métiers
Métiers d'hier et d'aujourd'hui






Comme partout, la modernisation du travail a provoqué la disparition de métiers artisanaux et de traditions parfois ancestrales. Le folklore y perd, la qualité de vie y gagne parfois. On dira que la mécanisation de la vie lui a fait perdre de la poésie d'un côté, des emplois de l'autre. La poésie était simplement celle de la nostalgie d'une vie en fait bien difficile et que personne n'aimerait revivre, que la modernisation des techniques a largement améliorée, peut-être en lui volant son âme. Certaines traditions ont disparu, d'autres sont nées mais sont trop jeunes pour émarger déjà au coin du folklore, d'autres enfin ont perduré.
Parmi les métiers disparus, citons le sabotier : maintenant les sabots sont fabriqués par des machines en grande série et on n'en porte plus beaucoup. A Soucht (Moselle), un artisan a exercé jusqu'en 1978. Dans son atelier, un musée du sabot retrace les savoir-faire d'autrefois.
Les Vosges sont couvertes de forêts. Depuis toujours il a fallu couper du bois. Les bûcherons ont toujours besoin d'un coup d'œil sûr et de calculs précis pour que l'arbre tombe sans endommager le voisinage mais aujourd'hui le débardage est assuré par des camions et des tracteurs (bruyants et dont les pneus laissent des traces larges comme des baignoires mais efficaces). Autrefois, c'était un sport spectaculaire mais dangereux : la schlitte.
Une schlitte est une grande luge avec de longs patins qui remontent à l'avant ; en bois dur, elle pèse une trentaine de kg à vide, le schlitteur la remontait en la portant sur son dos ; chargée, elle peut peser jusqu'à trois tonnes. La schlitte glissait sur un chemin constitué de rails en bois fixés sur des rondins de bois ou des planches épaisses placés en travers comme des traverses de chemin de fer ; la technique d'utilisation de la schlitte est aussi simple que fatigante et dangereuse : le conducteur s'adossait au traîneau et s'accrochait aux patins recourbés, puis il descendait en retenant le traîneau, rondin par rondin du chemin, parfois sur plusieurs kilomètres et il était très difficile d'arrêter la glissade s'il y avait un obstacle. Si la charge était mal équilibrée, si le rail était endommagé, tordu ou brisé, si le conducteur faisait un faux pas, le chargement se renversait, parfois sur le schlitteur : le folklore et les traditions, spectaculaires et efficaces, ont aussi eu leurs victimes. Pour la sécurité, personne ne regrette les petits trains qui sont apparus au 19ème siècle ni les camions. Je me souviens dans ma jeunesse d'avoir vu passer devant moi trois billes de bois qui rebondissaient sur la pente ; je n'étais pas très rassuré quand je suis passé sur le sentier après leur chute...
Ce bois devenait charpentes, meubles, ou charbon. L'écomusée des Vosges Saônoises montre divers fours utilisés à travers les Vosges. On y empilait le bois en un tas en forme de meule, on le recouvrait de terre et de mousse, Puis on mettait le feu. Le bois se consumait lentement. Quand la fumée était blanche, le charbon était prêt. On laissait refroidir puis on évacuait le charbon.
J'ai vu un reste de chemin de schlitte assez bien conservé près du Mont Sainte Odile : sur la route qui monte de Barr (D 854), dans le virage qui suit la route de Hungerplatz, on continue tout droit et on s'arrête aussitôt au petit parking ; à pied on continue le chemin forestier pendant 1/4 h puis on monte à droite (suivre les panneaux).
Certaines activités rassemblaient les villages. Je me souviens dans ma jeunesse d'avoir passé des vacances dans un village rural. Un jour d'août, tout le village s'était rassemblé chez un fermier qui avait ouvert le hangar où se trouvait sa batteuse. Une grosse mécanique qui a fonctionné plusieurs jours en faisant un bruit infernal, avec des courroies qui vibraient de partout. Maintenant chacun fait sa récolte avec sa moissonneuse-batteuse et je me fâche quand en voiture j'en suis une sur la route. Le foin est roulé et emballé en bottes et reste sur le champ et les grains battus repartent en sacs... L'histoire du moulin de Maître Cornille, c'est définitivement du passé, même si ça ne se déroule pas en Alsace.
La viticulture qui occupe une bonne part de l'activité économique de certains villages rassemble encore pour les vendanges. Il y a une vraie histoire d'amour entre le vigneron et sa vigne, mais l'ambiance des vendanges n'est plus là partout. Les vendangeurs sont souvent des intermittents qui cherchent un petit travail qui leur permet de mettre les pieds sous la table et certains travaillent comme des cochons, encore plus mal que les machines à vendanger. Ailleurs il y a encore une sorte de fraternité entre des gens qui aiment la vigne et qui partagent le plaisir de voir les grappes s'accumuler, même quand le soleil tape ou que la pluie coule le long des bras sous les manches. De temps en temps on s'arrête pour un casse-croûte ou pour le repas, on discute, on plaisante... C'est le bonheur simple et la vraie tradition, celle de l'amitié.