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Traditions alsaciennes
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Traditions alsaciennes

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L'habitat traditionnel


La maison à colombages
Jusqu'au moyen-âge, la majeure partie de la plaine d'Alsace était couverte de forêts largement constituées de chênes. L'accroissement de la population et le défrichement pour des raisons agricoles fournissait de grandes quantités de bois de charpente de qualité qui a servi à la construction "en pans de bois". La conséquence a été la régression et la quasi-disparition de ces forêts. Cette technique de construction n'existe qu'en plaine d'Alsace : elle est inconnue dans l'Alsace Bossue et les fermes de montagne. Les forêts de montagnes (mélange de hêtres et de sapin, peu de chênes), ne fournissaient pas un bois de qualité adaptée.
La technique adoptée (bois courts) assure davantage de solidité et d'équilibre à l'ossature, par rapport à l'utilisation de bois longs (Normandie, ouest de la France). De plus, l'utilisation de chevrons obliques, particulière à l'Alsace, assurait une bonne résistance parasismique, mais ce n'était pas le but recherché. De plus, il était possible de réutiliser l'ossature d'une maison, voire de la transporter ailleurs et de reconstruire à moindres frais.
Le traitement des poutres et leur disposition répondaient souvent à une exigence et une recherche artistiques. De même celle du remplissage, le plus souvent crépi de couleurs variables suivant les régions (blanc au nord, couleurs diverses au sud, voire vives par l'utilisation de pigments naturels) ; le crépi était par exemple gratté avant de sécher à titre de décoration : on traçait ainsi pour décorer les maisons des symboles religieux mais aussi parfois superstitieux ; dans le Sundgau, il était orné d'un liséré blanc le long des poutres.
La plus ancienne maison à colombages d'Alsace date du 17ème siècle ; savez-vous où elle se trouve :
Schoenenbourg - Schwabwiller - Hunspach - Hatten - Betschdorf - Wissembourg
La construction en pans de bois était en général réservée aux maisons d'habitation. Les maisons communales, les palais, les églises étaient en pierre. Une exception : l'église de Kuhlendorf qui date de 1725 est un des très rares spécimens d'église à colombages et pans de bois d'Alsace :
Si la maison à colombages est répandue dans toute l'Alsace, son agencement et sa décoration varient beaucoup d'une région à l'autre :
> nord de l'Alsace : maison à haut pignon, toit éventuellement à pan coupé, deux ou trois niveaux, souvent isolée ; les locaux agricoles sont soit à côté, formant cour, soit dans le prolongement ; les remplages sont le plus souvent blancs ;
> Kochersberg : grosse maison souvent construite en L, vaste toit à pan coupé, balcon en bois à l'étage, à laquelle viennent s'accoler les locaux agricoles pour former une vaste cour fermée par un mur à grand portail ; il s'agit de signes extérieurs de richesse... Cette vaste cour est aussi un lieu de rencontre : elle joue les places publiques domestiques, avec ses hangars, granges, étables et quelques pièces spécifiques comme le fumoir à viande, la distillerie, la cave à vin ou la cave à pommes de terre...
> Ried : maison plus basse (un niveau), plus allongée, au colombage moins soigné ;
> Vignoble : la maison est plus ramassée, mais construite au-dessus d'une vaste cave maçonnée, le plus souvent au moins partiellement enterrée. Les loggias, fenêtres à meneaux, portes sculptées dans du grès rose, l’enduit ocre ou blanc, proclament qu’on est chez un notable ou chez un viticulteur émérite.
> Sundgau : grosse maison intermédiaire entre celle du nord et celle du Kochersberg ; les locaux agricoles sont dans le prolongement ; les remplages sont en couleur (vert, bleu, même jaune ou brun).
A l'intérieur
A l'intérieur de la maison, le sol était en terre battue puis en carrelage au rez-de-chaussée ; c'est un plancher, souvent brut, à l'étage. Un gros poêle en faïence était la source de chaleur de la pièce d'habitation, la Stub, qui est le centre de l'activité sociale et familiale ; un fourneau en fonte servait à la cuisine. Le bois étant abondant à la porte des villages au moyen-âge, il était, et il est resté longtemps, le seul moyen de chauffage. Je me souviens dans mon enfance des tas de bois devant les maisons ; une voiture munie d'une scie circulait dans le village ; on se réunissait pour scier le bois aux dimensions idoines, on l'entassait et on partageait un verre à la fin du travail. Ce type de chauffage est resté longtemps en usage et connaît maintenant un regain d'intérêt.
Sur les murs souvent nus, on dessinait parfois des décors architecturaux en forme de croix de saint André, qui ont une origine superstitieuse : Ils étaient en effet destinés à chasser les influences mauvaises ; on les appelait aussi "balais de sorcières".
Le coucher était assuré autrefois par des alcôves, mais ce couchage est abandonné depuis longtemps : les dernières installations de ce genre sont recensées en 1880.
Les toits sont partout à forte pente, pour ne pas retenir la neige en hiver.
En ville, les maisons étaient souvent en colombages, de plus en plus en pierres ou en briques ; la richesse d'un bourgeois se mesurait au nombre de lucarnes sur son toit, qui indiquait l'importance de ses greniers, au point qu'on en ajoutait des rangées entières totalement factices, même qu'on en voyait sur les toits de certaines églises (Saint Nicolas aux Ondes à Strasbourg)
On essaye toujours de donner ainsi des indices de richesse, jamais affichée dans l'opulence mais jamais complètement camouflée, aussi bien en plaine qu'en ville.

Dans les Vosges
La maison vosgienne est austère et trapue, adossée à un pan de roche ou à une pente raide, ses moellons recouverts d'enduit ont pour seule personnalité le linteau de la porte cochère, parfois orné des chiffres de l'année de construction et d'initiales. Les murs sont épais pour isoler du froid vif et tenace de l'hiver. Le grenier est à l'étage, parfois accessible de plain pied par un petit pont depuis la pente raide.