Légendes            alsaciennes
Sommaire


Légendes alsaciennes

Lacs, rivières et cascades
Entre villages, forêts et montagnes
Autour des châteaux
Eglises, saints et diables
D'un rocher à l'autre
Nains, géants, elfes et fées

D'un rocher à l'autre


Lacs, rivières et cascades

Entre villages, forêts et montagnes

Autour des châteaux

Eglises, saints et diables

Nains, géants, elfes et fées

Chalmont
Le Chalmont est un des contreforts du petit massif qui va du col de Fouchy au Frankenbourg ; son sommet, qui domine Lièpvre, est semé de rochers ; on dit que des fées avaient voulu construire un pont au dessus de la vallée comme à la Porte de Pierre du Mutzigfels, pour rejoindre le Taennchel. Une fille de Charlemagne serait enterrée parmi ces rochers où elle garde le trésor des rois francs. Un jour, un couple de fermiers crut l'avoir localisé : ils creusèrent la terre sans succès, à tel point que les parois du trou s'éboulèrent sur eux et les ensevelit. Depuis, quand le vent souffle la nuit au sommet du Chalmont, on croit entendre leur plainte lancinante.

Waltharilied
Le "Waltharilied"
Le poème primitif est perdu, mais il nous en reste une adaptation latine du moine Eckehart de Saint Gall.
Walthari y est devenu Walther d'Aquitaine ; certains voient en lui le fils d'un seigneur alsacien, d'autres en font le fils du roi des Goths. Hildegonde serait la fille du roi des Burgondes. A une époque indéterminée et plutôt imprécise mais sans grande importance dans une telle épopée, tous deux sont prisonniers à la cour du roi des Huns, Etzel, qu'on assimile au terrible Attila. Ils arrivent à s'enfuir, un jour, non sans avoir chargé leur cheval de deux coffres contenant des pierreries et de l'or.
Ils arrivent sans encombre jusqu'au Rhin. Il y a là un passeur, qui les transporte sur l'autre rive. Son salaire : un poisson que Walther a pêché dans le Danube.
Le même soir, Gunther, le roi des Francs, dans sa cour de Worms, voit paraître à sa table un poisson qu'il ne connaît pas. Il fait interroger le passeur qui révèle que, le jour même, il avait fait traverser le Rhin à un chevalier accompagné d'une belle demoiselle. Ils transportaient deux coffres dont le son métallique laissait deviner un contenu de bon augure.
Gunther est cupide, et en entendant cela, il décide de se mettre immédiatement en campagne. Son fidèle vassal Hagen, qu'on dit venir de Traenheim, en Alsace, l'accompagnera avec douze chevaliers. Avec un tel déploiement de force contre un homme et une femme, l'issue de l'équipée n'est guère douteuse. C'est mal connaître la bravoure et la vaillance de Walther.
C'est entre les deux rochers de Wasigenstein où les jeunes gens se reposent que les hommes de Gunther les rejoignent. Walther combat d'abord les douze chevaliers, qu'il vainc les uns après les autres. Puis ce sont Gunther et Hagen qui s'opposent au preux. La bataille fait rage ; on entend le choc des lourdes épées sur les écus et les heaumes, le souffle des combattants, mal à l'aise dans leurs lourdes cuirasses.
Gunther perd une jambe, Hagen un œil, Walther une main dans ce combat digne de la Guerre de Troie ou de la Chanson de Rolant...
Epuisés, mutilés, ils jugent alors que c'en est assez. Hildegonde sort de son abri ; elle panse les blessures, et remplit les hanaps de vin, et ce sont trois amis qui se séparent... Walther conserva-t-il les trésors volés au roi des Huns ? Toujours est-il qu'il emmena Hildegonde et l'épousa. Un happy-end à peu près moral sans grand suspense, digne d'un film américain de série B.

Saut du Prince Charles
Le Saut du Prince Charles
On montre au pied du rocher deux empreintes de fer à cheval. Ce seraient les traces laissées par un duc de Lorraine du nom de Charles qui aurait sauté les quelque vingt mètres du rocher pour échapper à des poursuivants, sans se faire le moindre mal, et qui aurait poursuivi sa course folle.

Les géants du Nideck
La légende des géants du Nideck
Au-dessus de la porte d'entrée, du château inférieur, une plaque rappelle le souvenir d'Adalbert von Chamisso, qui rendit célèbre la légende des géants du Nideck.
Or donc, une lignée de géants habitait sur ces rochers sauvages. Un jour, la petite fille, qui s'ennuyait, sortit du château et descendit en quelques pas vers la vallée. La cascade ne représentait pas plus qu'une marche d'escalier et peut-être renversa-t-elle quelques sapins sur son passage. Arrivée à Oberhaslach, elle eut l'impression de nos enfants d'aujourd'hui devant un village Playmobil. C'était tellement beau qu'elle emporta dans son tablier le laboureur avec son cheval et sa charrue. Mais quand elle le montra à son père, celui-ci, mécontent, l'obligea à les reporter, et lui expliqua que les paysans leur étaient bien nécessaires, car c'étaient eux qui cultivaient le blé dont on fait le pain, et sans eux, tout géants qu'ils étaient, ils mourraient de faim. C'est un devoir pour les géants de respecter les hommes sans qui ils ne pourraient vivre.
On comprend bien, en voyant la hardiesse avec laquelle le château est planté au bord du vertigineux précipice, comment une telle légende a pu naître. Ces géants, protecteurs du paysan, protecteurs de la civilisation, devaient apparaître ainsi à ceux qui, de la vallée, apercevaient ce nid d'aigle. Mais les seigneurs du moyen-âge, entourés de tout leur apparat et quelle que soit leur taille, devaient aussi apparaître comme des géants aux yeux de leurs serfs, à qui ils devaient aide et protection.
Une légende sans doute un peu trop morale, mais qui exprime aussi une peur, dans cet appel au respect des petites gens aux puissants.
C'est ainsi, qu'après avoir longtemps circulé dans la région, où ces lieux, dominés par le sombre Schneeberg, inspiraient une sorte de terreur sacrée, la légende fut contée à la fille du. célèbre auteur strasbourgeois Schweighaeuser. C'est ainsi qu'un jour de 1808, Charlotte Engelhart (1781-1864) apprit l'histoire de la bouche d'un forestier.
En 1814, Jacques Grimm, de passage à Strasbourg, entendit sans doute l'adaptation de Charlotte Engelhardt en alsacien, à la maison de Schweighaeuser. Quand, deux ans après, les frères Grimm éditent leurs légendes allemandes, celle du Nideck y figure. C'est alors que le poète Adalbert von Chamisso en fit la célèbre poésie qui allait rendre le Nideck célèbre dans tous les pays germaniques et dans le monde entier !

La Liese
La Liese a donné lieu à quelques légendes. Celles qui sont connues ne sont malheureusement que des légendes récentes.
La Liese était une belle jeune fille aux yeux bleus et à la belle chevelure rousse. Un jeune noble en était amoureux. Quand la belle Liese lui préféra un simple artisan, il ne le supporta pas. Il fit assassiner l'artisan et le fit jeter au fond d'un puits profond. La Liese en mourut de chagrin.
Une autre légende nous raconte qu'un berger était amoureux de la belle Liese. Durant l'été, alors qu'il faisait paître son troupeau au col, il grava le visage de sa bienaimée sur le rocher.

Encore la belle Liese
Un légionnaire de Jules César stationné en Égypte y épousa une fille du pays. Ils eurent une fille qu'ils nommèrent Isis. Après la mort de ses parents, Isis fit la connaissance d'un jeune homme qu'elle suivit par delà les mers jusqu'en Alsace. Le mal du pays fut cependant plus fort que l'amour et Isis retourna en Égypte. Le jeune homme, éperdu de tristesse, sculpta sa belle Isis sur un rocher pour ne jamais l'oublier.

Toujours la mystérieuse Liese
Une autre version nous conte que la belle Isis privée du soleil de l'Égypte, tomba malade. Afin de guérir, elle vient boire l'eau de la source du Nil situé près du col de la Liese. Elle y fut recueillie par des éleveurs de chèvres. Un chasseur de Dambach-Neunhoffen en tomba amoureux. À la mort d'Isis, il grava son image sur un rocher à côté du chalet qu'il habitait au col.

Porte de Pierre
A proximité du sommet du Mutzigfels, on trouve le rocher de la Porte de Pierre. La tradition en fait la première arche d'un pont fantastique que trois fées avaient voulu construire pour franchir la vallée de la Bruche. Mais c'est l'intervention d'un saint ermite qui leur fit perdre leur pouvoir qui les en empêcha. Non loin, le sommet du Katzenberg porte la trace d'une fortification dont on ignore tout : ce serait le château des fées, qu'elles démolirent de dépit, avant de quitter la région. Alors cessèrent aussi leurs rondes au sommet du Langenberg, où un cromlech évoque aussi les débris du pont, ainsi que les incursions d'un carrosse diabolique aérien aux chevaux de feu auquel elles échappaient en allant prier à l'église de Niederhaslach : elles n'avaient aucun complexe...