Légendes            alsaciennes
Sommaire


Légendes alsaciennes

Lacs, rivières et cascades
Entre villages, forêts et montagnes
Autour des châteaux
Eglises, saints et diables
D'un rocher à l'autre
Nains, géants, elfes et fées

Nains, géants, elfes et fées


Lacs, rivières et cascades

Entre villages, forêts et montagnes

Autour des châteaux

Eglises, saints et diables

D'un rocher à l'autre

Les nains mineurs
On dit que les mines de Sainte-Marie-aux-Mines étaient hantées par des nains facétieux qui font semblant de travailler, affairés à rien faire. L'un d'eux était très sage et avertissait les mineurs aussi bien des dangers que de l'existence de bons filons. Dans une autre mine vivait le roi des nains, qui était tombé amoureux de la fille d'un mineur ; mais la belle refusa ses avances. Alors le nain ferma les filons et les mines périclitèrent ; pas rancunier, il offrit à la jeune fille une rose d'or qui s'ouvait à l'annonce des événements heureux et se fermait pour le malheur, puis il disparut, et les mines finirent par fermer... Parfois on entend encore du bruit au fond des galeries : ce sont les nains qui continuent de s'amuser sans les humains et qui ont inspiré Walt Disney.

Les sorcières du Creux-Chêne
Près de Rombach-le-Franc se trouve le Creux-chêne. Autrefois se trouvait là un chêne si vieux que son énorme tronc était devenu creux. Deux jeunes de la vallée partis chercher fortune passèrent un jour par là ; l'un continua pour ne pas perdre de temps, l'autre s'y arrêta et y entendit des sorcières dont l'une se vantait d'avoir rendu malade la fille du duc et donnait le remède. Le jeune homme alla guérir la jeune fille et l'épousa. Plus tard, il retrouva son ancien compagnon qui était toujours aussi misérable et lui raconta l'histoire du Creux-chêne. Espérant faire fortune à son tour, le compagnon y alla, mais les sorcières se méfiaient en constatant la guérison de la fille du duc ; elles le trouvèrent et le firent passer de vie à trépas, toujours aussi pauvre malgré son dynamisme...

Les nains du Kerbholtz
Dès le moyen-âge, les marcaires ont colonisé les crêtes vosgiennes. Mais les rigueurs du climat empêchaient un séjour hivernal. Traditionnellement, les troupeaux montaient à la saint Jean (24 juin) et redescendaient à la saint Michel (29 septembre).
Pendant l'hiver, la ferme restait inoccupée, noyée sous un manteau de neige et de silence. Les fromages issus du lait de l'été y sont restés seuls. Par quel miracle, lorsque revient l'été, sont-ils devenus tout seuls ces chefs-d'œuvre de la gastronomie alsacienne ? Rien de miraculeux, rien que puisse expliquer la sèche biologie moderne. Dans les forêts et les escarpements du Kerbholz vivait un peuple de nains. Lorsque revenait l'hiver et que le marcaire abandonnait ferme et fromages, ce sont eux qui prenaient le relais pour surveiller, façonner, retourner, travailler... Et lorsque revenait le printemps, les nains repartaient dans leurs inexpugnables cachettes. Leur travail était terminé jusqu'à l'année suivante.
C'est grâce à eux que le fromage de Munster s'est taillé une réputation internationale. Hélas ! Au siècle de la modernité, bien des fermes ont disparu, victimes des guerres ou des impératifs économiques. Les autres, transformées en restaurants, sont occupées toute l'année. Les fermiers font eux-mêmes leur fromage. Ils ont appris, grâce à des indiscrétions chez les nains. Mais du coup ceux-ci sont au chômage. Quand on se promène sur le promontoire du Kerbholz, où se déploie une vue admirable sur la crête des Spitzkoepfe, taillée dans le rocher d'un ciseau aigu, et sur la majesté du Hohneck, il faut prêter l'oreille. On entendra peut-être la complainte mélancolique de l'un des nains, qui chante sa déception de ne plus avoir sa place dans l'imaginaire de nos contemporains devenus trop cartésiens...
Mais cette histoire est-elle vraiment imaginaire ? Elle est trop belle pour cela. Et si je vous disais que c'est un des nains qui me l'a racontée, ici, devant l'enchantement des montagnes. Restez-y un instant, et rêvez avec moi...

Le géant du Hohneck et l'esprit de la montagne
Sur les hauteurs inaccessibles des Spitzkoepfe vivait autrefois l'esprit de la montagne. Nul ne l'avait jamais vu, mais chacun savait que le vent de tempête et les orages qui s'acharnent sur le massif du Hohneck expriment ses mauvaises humeurs.
Un jour, un géant voulut traverser le massif. L'esprit ne l'entendait pas de cette oreille et déchaîna une terrible tempête qui couchait les sapins et brisait les rochers, formant des éboulis au pied des pentes. Le lac de Fischboedle montre une de ces pentes couvertes de blocs. Le géant ne se laissa pas impressionner. Il appela à la rescousse les nains de la montagne, qui taillèrent les rochers à grands coups de pic et lui firent un passage à travers les pentes, à l'abri de l'esprit, manifestant ainsi qu'on a souvent besoin d'un plus petit que soi... L'esprit de la montagne, furieux, se réfugia dans la forteresse inexpugnable que constituent les pics des Spitzkoepfe, d'où il ne manifeste plus sa mauvaise humeur que par de violents coups de vent ou les craquements du tonnerre.

Le nain de la Hasel
Un méchant nain habitait la vallée de la Hasel et jouait des tours pendables aux habitants. Un jour, excédé, le géant du Nideck l'attrapa et le remit à une fée qui le changea en hibou.