Légendes alsaciennes | |||||||||||||||||||||
Légendes alsaciennes
|
La dame blanche du Reichenstein Le château de Reichenstein, près de Riquewihr, abritait des chevaliers brigands qui un jour agressèrent un jeune couple, tuant l'homme et enlevant la femme. Celle-ci hante encore le château et se promène dans la forêt, espérant sans succès la venue de celui qui la délivrera. Un jour un forestier intrépide la vit, mais lorsqu'il entendit hurler les chiens, il prit peur et s'enfuit, abandonnant la dame blanche à son triste sort. L'origine de Dusenbach Un seigneur de Ribeaupierre, poursuivant un cerf, arriva soudain au bord d'un rocher ; emporté par son élan, il tomba dans le vide, et implora la Sainte Vierge. Il toucha terre au pied du rocher, sans aucun mal : ce serait l'origine d'une des chapelles de Dusenbach. La tête de maure Les Ribeaupierre ont toujours été des batailleurs remuants. L'un d'eux aurait participé à une croisade, où sa médaille de sainte Odile fit merveille : dans une embuscade où sa troupe est massacrée, sa médaille attire les flèches, qu'elle retourne à l'expéditeur. Pris de panique devant le prodige, les arabes s'enfuient, sauf un, à l'image de Goliath devant David, que le seigneur de Ribeaupierre coupe en deux dans le sens de la hauteur d'un coup d'épée. A la suite de ce coup d'éclat, les Ribeaupierre obtinrent de décorer leurs armoiries d'une tête de maure. La bourse du ménétrier Un jour, un Ribeaupierre vit sur le bord du chemin un homme en pleurs : un ménétrier qui venait de casser son fifre qui était son gagne-pain. Le seigneur lui donna une bourse pour acheter un nouvel instrument en lui demandant de revenir au château pour faire danser tout le monde. Ce que fit le ménétrier qui revint en cortège avec toute la corporation. Et ce fut, dit-on, le premier Pfifferday. Les frères ennemis de Ribeauvillé Deux frères habitaient le Saint Ulric et le Girsberg. Ils avaient l'habitude de se réveiller chaque matin en tirant un carreau d'arbalète dans le volet du dormeur. Or, un jour ils se disputèrent parce que le plus jeune était amoureux de la fille du roi des ménétriers, ce que l'aîné ne pouvait admettre. Ils se séparèrent fâchés mais le lendemain, le plus jeune était calmé. Réveillé le premier, il envoya sa flèche au moment où son frère ouvrait son volet, et le tua. On dit que l'assassin involontaire, fou de douleur, ne put trouver le repos et que depuis ce jour maudit, la chasse infernale résonnait dans la forêt ; elle ne s'arrêta que longtemps après, lorsqu'un ménétrier, descendant de la jeune fille qui fut l'objet de la dispute entre les frères, supplia Notre-Dame de Dusenbach de mettre fin à ce supplice immérité. La chasse infernale s'arrêta et ses échos ne revinrent plus jamais. La belle sarrazine Un seigneur de Ribeaupierre, parti à la Croisade, fut fait prisonnier, et malgré ses promesses de fidélité au départ, il tombe sous le charme d'une indigène, qui le fit évader, non sans lui avoir fait promettre de revenir la chercher. Ce qu'il ne fit pas. Une nuit, il rêva que l'Alsace était envahie par la mer et qu'un vaisseau fantôme arrivait aux portes du château. On dit qu'il devint très malade et disparut peu après au cours d'une partie de chasse. Le bateau revient parfois, la belle sarrazine débarque et erre à la recherche du bien-aimé volage, puis disparaît dans la forêt... Le remords Un seigneur, peut-être un Ribeaupierre, était si pressé de bénéficier de son héritage, qu'il tua son père. Aussitôt, il se trouva plongé dans la nuit, qu'il emmenait partout avec lui, et son corps était rongé par le feu de l'enfer, malgré l'armure qu'il ne quittait plus. Enfin il fut exorcisé dans un couvent : les flammes sortirent de sa bouche et de ses yeux et il revint à son château, où il expie son crime en restant auprès du tombeau de son père, rongé de remords, pour l'éternité. La clochette et les chiens de Ribeaupierre A l'époque de la Réforme, un seigneur de Ribeaupierre fit don à l'église d'une clochette. On dit qu'à chaque fois qu'elle tintait, les chiens des châteaux aboyaient furieusement, et ils continuèrent de le faire bien longtemps après que les châteaux tombent en ruines. Le sortilège ne cessa qu'à la Révolution, quand la clochette fut convertie en pièces de monnaie... sonnantes et trébuchantes. Les trois sœurs de Ribeaupierre Trois sœurs habitaient les trois châteaux de Ribeauvillé et se saluaient matin et soir d'un appel de cor. L'une d'elle, plus vaniteuse que les deux autres, hante encore, paraît-il, le Haut-Ribeaupierre, où elle passe l'éternité devant un miroir, occupée à se parer. Elle a peut-être inspiré Blanche-Neige... La calèche de la nuit de Noël On dit aussi que, la nuit de Noël, pendant la messe de minuit, une calèche descend à toute allure du Haut-Ribeaupierre. Ses quatre chevaux noirs la tirent au galop à travers la ville, vers Guémar. Nul ne sait qui la conduit. A deux heures du matin, l'attelage remonte avec fracas vers le sommet. Une année, un garçon qui rentrait de Guémar, voyant arriver la calèche, la héla ; elle s'arrêta, il s'y installa et s'endormit. Ce n'est qu'au lever du soleil qu'on le trouva, transi, au sommet d'un peuplier. Personne ne sut jamais comment il était arrivé là ! La dame blanche du Saint Ulrich Une dame blanche apparaît chaque année la nuit de Noël au Saint Ulric. Elle fait plusieurs fois le tour du château et s'arrête devant le donjon, une clef à la main. Alors un cavalier arrive au galop du château de Zellenberg mais la dame rentre alors au château. Seul un vivant pourrait la délivrer, et il entrerait en possession des trésors du château. Mais on dit aussi que la dame serait Gertrude de Ribeaupierre, amoureuse de Rodolphe de Horbourg, ennemi des Ribeaupierre installé au château de Zellenberg ; l'oncle de Gertrude était opposé à ce mariage et, une nuit de Noël où Rodolphe devait enlever Gertrude, ce dernier fut tué par l'oncle qui les avait surpris : alors chaque année les trois se retrouvent piteusement au pied du château pour pleurer leur malheur. Le brigand du Bilstein On dit qu'un seigneur de Bilstein, brigand à ses heures, avait repoussé sa propre sœur, réduite à mendier. Mal lui en prit : au retour d'une expédition, il trouva son château détruit et dut lui aussi mendier... La dame blanche du Haut-Koenigsbourg Evidemment, un château comme le Haut-Koenigsbourg ne pouvait pas se dispenser de sa dame blanche ! La légende dit que, toujours vêtue de blanc mais coupable d'une faute aussi grave qu'inconnue, elle vint hanter le château. La nuit de la Saint Sylvestre, elle en fait trois fois le tour et monte au donjon où elle contemple la plaine ; elle rit si l'Alsace connaît des jours heureux, pleure quand elle voit son pays dans le malheur et appelle sur lui la bénédiction divine. La demoiselle jaune En plus de sa dame blanche, le Haut-Koenigsbourg abrite une demoiselle vêtue d'une longue robe jaune. Elle vient au château vers midi mais seuls peuvent la voir les enfants nés un dimanche. Elle choisit une clé de son grand trousseau, ouvre une porte et montre les trésors du château. Celui qui voudra pourra se servir librement et délivrer la demoiselle à condition d'observer le silence le plus total. A ce jour, personne n'a pu éviter un cri d'émerveillement en découvrant le trésor, rompant le charme. Et la demoiselle hante toujours le château. Mais je ne peux pas vérifier, je suis né un mardi... Les géants du Haut-Koenigsbourg Trois géants habitaient, dit-on, le Haut-Koenigsbourg. Un jour, un tailleur égaré dans la forêt fut capturé par l'un d'eux qui se promit de le manger après qu'il leur eut taillé des habits, le menaçant d'autres représailles s'il ne travaillait pas bien. Mais les autres refusèrent de partager le produit de leur chasse ; le géant revint voir le tailleur mais ne le trouva plus. Il s'était bien caché près de la fenêtre, attendit que le géant s'approche et lui trancha la gorge puis le jeta dans le vide. Entendant du bruit, un autre géant arriva et subit le même sort. Epouvanté, le troisième s'enfuit et nul ne le revit jamais. Les chevaliers de Windstein Ce seigneur était retiré dans son palais de Schoeneck, alors que Windstein était investi. Une nuit, deux hommes, vêtus d'armures antiques apparurent dans la cour, ayant traversé la porte fermée. Ils annoncèrent d'une voix grave : "Sire, le Windstein est en grand danger si vous ne volez à son secours ; demain, il sera trop tard". Puis ils disparurent. Le seigneur se mit en route immédiatement avec ses hommes d'armes et arriva au Windstein encore en pleine nuit, juste assez tôt pour repousser l'adversaire, déjà en plein assaut. Depuis, on dit avoir revu ces deux hommes tourner autour du château à chacune des catastrophes qui l'ont frappé ; puis ils se perdent dans les épaisses forêts... Les frères ennemis du Lichtenberg La base du donjon du Lichtenberg date du 13ème siècle. On y montre plusieurs salles exiguës. Dans l'une d'elles, les croisées qui soutiennent la voûte reposent sur de curieux chapiteaux : trois têtes humaines aux visages souffrants qui rappellent une de ces terribles légendes, histoires de haine implacable et de mort, comme le Moyen Age sait si bien en offrir. Deux frères détenaient le Lichtenberg. Ils se haïssaient à mort. L'un avait juré de faire mourir son frère de faim, l'autre de soif. C'est ce dernier qui l'emporta. Il enferma son frère dans une cellule et ne lui donna que du pain ; mais celui-ci réussissait tant bien que mal à calmer sa soif en humectant son pain dans l'humidité qui suintait des murs. Mais le chapelain, est-ce possible, était complice de l'assassin : on ne peut vraiment faire confiance à personne ; s'étonnant que la mort se fasse attendre, il surveilla le prisonnier et comprit son manège. Alors, on l'enferma dans un cachot baigné de soleil, sec comme le cœur des assassins, et cette fois-ci, il ne tarda pas à rendre l'âme. L'assassin, alors, épouvanté par son crime, se jeta du haut du donjon, entraînant avec lui l'indigne chapelain. Les trois têtes sculptées représentent, dit-on, le prisonnier dans trois phases de plus en plus expressives de sa mort lente. Le mari peu confiant Un seigneur de Bernstein doutait de la fidélité de sa femme. Un jour il partit en voyage mais se cacha non loin du château où il revint la nuit sous un déguisement, décidé à la démasquer. Il plaça une échelle contre la muraille sous la fenêtre de leur chambre. Mais le bruit réveilla sa femme qui ne le reconnut pas et le prit pour un brigand. Pour se défendre, elle lui donna un coup d'épée qui le fit tomber dans les rochers et passer dans l'autre monde. Depuis, on le voit certaines nuits, enfermé dans un carosse de cristal, poursuivi par les chiens infernaux... Le seigneur ruiné En partant à la croisade, un seigneur de Bernstein confia la seigneurie à sa fille de 14 ans. Revenu 15 ans après, complètement ruiné, il s'arrête dans une auberge où l'hôtesse, le voyant pauvre, refusa de le faire payer. Il reconnut alors sa fille qui lui révéla qu'elle avait été chassée du château par un parent. Le seigneur souffla dans son olifant, ameutant toute la région ; bientôt c'est une véritable armée qui monta au château pour massacrer l'usurpateur. Le siège de Schwanau Le château de Schwanau était construit sur une île du Rhin, au milieu de marais. Son seigneur était spécialisé dans le brigandage, ce qui lui avait permis d'amasser bien des richesses. Les villes d'Alsace finirent par y mettre le siège, mais le château avait tout pour qu'il s'éternise. La ville de Strasbourg fournit alors le contenu de ses fosses d'aisance dont on le bombarda. Les provisions gâtées, l'odeur pestilentielle, les défenseurs capitulèrent sans conditions. Mais il fut admis que la châtelaine pourrait sortir en emportant ce qu'elle pourrait. Au lieu de robes et de bijoux, on dit qu'elle emporta son mari sur son dos et son fils dans ses bras... Ils purent partir libres, mais le reste de la ganison fut massacré. Le puits du Fleckenstein Il y a bien sûr un puits au Fleckenstein, dont on voit encore à tous les niveaux les accès ; au sommet du rocher, un treuil à roue permettait d'y puiser ; il plongeait jusqu'à la base de la colline. La tradition affirme que c'est le diable qui a creusé ce puits ; il était si profond que lorsqu'il fut terminé, des flammes jaillirent du gouffre. On les éteignit avec de l'eau bénite. Le tonnelier-fantôme Une légende, affirme qu'au Falkenstein, un tonnelier-fantôme frappe chaque année dans la cave autant de coups qu'il y aura de barriques de vin dans l'année. L'ours d'Echery Au fond du vallon du Petit-Rombach se trouvait le château d'Echery. L'un de ses seigneurs, un homme barbare et cruel, partit un jour à la chasse, malgré les supplications de sa fille inquiète. Il se moqua du prieur de Lièpvre, combattit un chevalier qui s'opposait à lui et le tua. Puis il trouva un ours qui se défendit vaillament et, sur le point de succomber, cria que Dieu allait le changer en pierre pour le sauver : ainsi se forma la Roche de l'Ours. Le seigneur retourne terrifié au château où il trouva sa fille morte ; lui-même fut assassiné pendant la nuit. L'ours, lui, est toujours là... La nuit de justice de Scharrachbergheim On raconte une terrible nuit de justice à laquelle aurait assisté involontairement un jeune comte de Deux-Ponts qui venait d’hériter du château de Scharrachbergheim. Fou de chasse, il voulut qu’on lui serve ses prises à table, malgré l’avertissement du jardinier de ne pas rester là. Le repas à peine commencé, les serviteurs disparaissent et les portes s’ouvrent toutes seules pour laisser entrer un seigneur du moyen-âge, sa femme qui l’avait trompé avec son amant et les quatre enfants qui leur étaient nés. Les enfants et l’amant sont tués devant elle et elle doit passer la nuit à contempler leurs cadavres pendant que son mari s’empiffre. Tout ce monde disparaît au chant du coq. Le jeune seigneur, épouvanté, quitta le château et le laissa tomber en ruines. Ronde infernale autour du traître du Guirbaden Inutile d'aller sur le Mont Chauve pour assister à la ronde des esprits. Il suffit d'aller, la nuit de la Toussaint, au Guirbaden, où la comtesse, le bailli et les soldats jugent le valet félon qui avait ouvert une porte dérobée aux armées lorraines qui assiégeaient le château. Le tribunal réuni autour du cerceuil le juge sans pitié, la comtesse le condamnent et une ronde infernale de soldats morts dans l'assaut exécute la sentence. On dit qu'on entend les hurlements dans la forêt toute la nuit, jusqu'à ce que l'aube paraisse et ramène les esprits dans leurs tombes. |