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L'art en Alsace
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Littérature alsacienne

Dialecte alsacien
Théâtre alsacien
Poètes alsaciens

Le Théâtre alsacien

Le théâtre populaire alsacien est une forme caractéristique et créative d'expression de l'alsacien et de la culture alsacienne.
Malgré les influences, il a ses propres racines culturelles, ses propres références, son langage, ses expressions et une forme d'humour très particulière.
Depuis le 15ème siècle, il est défendu par des auteurs et des acteurs dont certains ont obtenu une reconnaissance qui dépasse celle du seul public régional.

Histoire

Le théâtre populaire alsacien remonte au 15ème siècle (Jörg Wickram au 16ème siècle est resté célèbre), mais la guerre de Trente Ans détruit la création alsacienne.
Il faut attendre la fin du 18ème siècle pour qu'un renouveau émerge, avec le colmarien Gottlieb Konrad Pfeffel, représentant de l'Aufklärung et par le strasbourgeois Heinrich Leopold Wagner, pour le mouvement du Sturm und Drang.
Johann Peter Hebel, remettra à nouveau à l'honneur le "Schriftdialekt" (dialecte écrit).
Mais le vrai rénovateur du théâtre alsacien est surtout Johann-Georg-Daniel Arnold. En s'inspirant des populaires récits de commères, il publie en 1816 anonymement en alsacien et en vers la pièce de théâtre "Der Pfingstmontag" (Le Lundi de Pentecôte) qui marque la naissance du théâtre alsacien dialectal : une histoire compliquée mais variée, très riche er remarquablement construite pour mettre en évidence l'originalité de l'alsacien, ce que Goethe salua d'ailleurs dans un article élogieux L'ouvrage sera réédité onze fois entre 1816 et 1841, en Alsace, comme en Allemagne.
Cette œuvre fondatrice est rapidement suivie à Haguenau en 1817, par "Frau Pfarrerin", une pièce anonyme (probablement un ecclésiastique du nord de l'Alsace).
Avec "Daniel oder der Strassburger auf der Probe", Ehrenfried Stoeber s'inspire de l'intrigue de la pièce "Der Pfingstmontag", mais il la transformera en Singspiel (comédie musicale). La chanson s'Elsass unser Laendel Diss isch meinedi scheen ("Que notre Alsace est belle") provient de cette œuvre.
On relève ensuite Georges Daniel Hirtz (Die Meisenlocker, 1839, du "Strassburger Wochenblatt"), Charles Bernhard (Steckelsburgers Reise nach London", 1842), Frédéric Alphonse Pick ("Der tolle Morgen" qui fait penser explicitement à la "folle journée" de Beaumarchais ou à Marivaux)

Auteurs célèbres :
> Johann-Georg-Daniel Arnold (Strasbourg, 1780 - 1829)
De famille très modeste (père maître-tonnelier), il étudie au Gymnase protestant de Strasbourg de 1787 à 1794. Il poursuit alors ses études à la faculté de droit de Strasbourg mais alors que ses amis étudiants dont Ehrenfried Stoeber poursuivent leurs études en Allemagne à Tübingen ou à Erlangen, il trouve un emploi en 1795 à la Préfecture du Bas-Rhin comme sous-chef de bureau, avant de reprendre ses études de droit.
Il écrit une "Chronique de la Révolution à Strasbourg de 1789 à 1795" et rencontre Schiller et Goethe.
En automne 1803, il rejoint son maître Koch (membre du Tribunat) à Paris et en 1806, il est nommé professeur de code civil à la Faculté de droit de Koblenz et appelé comme conseiller juridique auprès de Lezay-Marnésia, préfet du département du Rhin-et-Moselle. Il écrit la même année ses "Notices littéraires et historiques sur les poètes alsaciens"
Rentré en Alsace à la suite de Lezay-Marnésia, il est nommé en 1809 professeur d'histoire à la Faculté de Lettres, puis professeur de Droit romain à la Faculté de Droit de Strasbourg en 1811. En 1812, il publie à Strasbourg et Paris, un ouvrage en latin sur le Code Civil Napoléon ainsi que des poèmes en langue allemande.
En 1816, il publie anonymement en alsacien la pièce de théâtre "Der Pfingstmontag" (Le Lundi de Pentecôte) qui marquera la naissance du théâtre alsacien dialectal. Il devient doyen de la faculté de droit de Strasbourg en 1820, épouse Amélie-Henriette Beysser à Ribeauvillé mais meurt prématurément en 1829 : la première représentation du "Pfingstmontag" n'aura lieu qu'en 1835.
> Charles Bernhard (Strasbourg, 1815 - Strasbourg, 1864)
Typographe de métier, il participa à plusieurs campagnes avec les chasseurs d'Afrique, avant de rentrer à Strasbourg et de s'y marier. De 1860 à 1862, il fut éditeur d'un hebdomadaire satirique "Hans im schnokeloch" où il écrit notamment pour le théâtre alsacien.
> Charlotte Engelhardt (1781 - 1864)
Auteur de théâtre alsacien
> Carl Georg Müller (Rosheim, 1796 - Boersch, 1879)
Après des études à Rosheim où son père était instituteur puis en Droit à Strasbourg où il devient clerc de notaire. Il se marie en 1822 avec une fille de riche meunier, puis acquiert l'étude de Boersch. Il est maire de la ville de 1830 à 1848. Il écrit les "Kunkelstuben", qui sont autant de petites scènes villageoises, souvent sous forme de monologues qui sont des traditionnels du théâtre alsacien.
> Germain Muller (1923 - 1994)
Poète, animateur du populaire cabaret strasbourgeois "Barabli" (déformation de "Parapluie"), présentant des sketches et des revues de satire politique en alsacien. Il faisait 80 représentations et 80 000 spectateurs par an. Il a aussi écrit ou préfacé plusieurs ouvrages.
> Théophile Conrad Pfeffel (Colmar, 1736 - 1809)
Sa famille est originaire du Wurtemberg, mais son père, naturalisé français, se fixe à Colmar. Aveugle à 24 ans, il doit renoncer à la carrière diplomatique et fonde une société littéraire destinée à grouper une élite en vue d'acheter, lire, discuter dans les rapports semestriels, les ouvrages récemment parus ; il se consacre surtout à la littérature française à destination des allemands (de 1765 à 1774, paraissent de nombreuses traductions de pièces françaises en allemand). En 1770, il crée une école française : l'Académie militaire qui était destinée à donner aux jeunes alsaciens protestants une culture française ; elle devint une école européenne d'où sortirent des sujets d'élite : princes, hommes d'Etat, commerçants, agronomes...
Il garde son activité littéraire jusqu'à sa mort.
> Frédéric Alphonse Pick (Strasbourg, 1808 à - Strasbourg, 1895)
Il fait des études de droit tout en travaillant dans un cabinet de notaire. De 1829 à 1861, il s'associe avec son beau-frère pour diriger techniquement une usine de quincaillerie de Saverne. Il se retire ensuite à Strasbourg. Il est connu pour sa contribution au théâtre alsacien ("Der tolle Morgen", 1864)
René Schickelé (Obernai, 1883 - Vence, 1940)
Ecrivain alsacien pacifiste, il travailla à la réconciliation franco-allemande dans le cadre d’une Europe unie.
> Ehrenfried Stoeber (Strasbourg 1779 - 1835)
Avocat et poète défenseur des traditions alsaciennes, francophile d'expression germanique.
Fils d'un notaire strasbourgeois, Daniel Auguste Ehrenfried Stoeber a étudié au Gymnase protestant puis à l'âge de 12 ans, épris de liberté, il fait partie du bataillon des "Enfants de la Patrie". En 1797, il fonde la Société littéraire des amis alsaciens. Il poursuit ses études de droit et devient avocat, mais publie aussi de nombreuses poésies en allemand et en alsacien, où il défend les traditions alsaciennes.
> Gustave Stoskopf (1869-1944)
Fondateur du Théâtre Alsacien de Strasbourg avec J. Greber (1898). Auteur dramatique et conteur, il laisse une œuvre considérable. Ses écrits témoignent de la vie quotidienne alsacienne et dépeignent d'une manière satirique le régime d'avant 1918. Stoskopf est à l'origine de la Société des artistes indépendants d'Alsace et la Société des écrivains d'Alsace et de Lorraine.