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L'art en Alsace
Sommaire littérature


Littérature alsacienne

Dialecte alsacien
Théâtre alsacien
Poètes alsaciens

Le dialecte Alsacien (Elsässisch)

Nombre de locuteurs plus de 700.000 (sur environ 1 800 000 = 39 % ; transmission inter-générationnelle très minoritaire depuis les années 80).

L'alsacien (Elsässisch, Elsässerditsch ou, en allemand standard, Elsässerdeutsch) désigne en fait un ensemble de dialectes germaniques pratiqués en l'Alsace.

L’orthographe n’est pas fixée car la prononciation en particulier varie d’une province à l’autre, voire d’un village à l’autre. En Alsace du Nord, autour de Wissembourg et Sarre-Union, on parle une variante du francique, le francique rhénan caractériosé par des évolutions linguistiques différentes. Partout ailleurs en Alsace, il s'agit de variantes alémaniques.

Caractéristiques linguistiques
Parmi les traits qui séparent l'alsacien du Hochdeutsch, l'allemand littéraire, on peut citer entre autres l'absence de la diphtongaison dite bavaroise : « Wyn ou Wyh » pour « Wein », « Hüs » pour « Haus » ; la palatalisation du « u » long et le maintien d'anciennes diphtongues : « güet » pour « gut » (anciennement «guot»); un certain relâchement articulatoire : « sewa » pour « sieben »; le passage de [rs] intervocalique à [rsch] (le nom du village Schnersheim se prononce sur place Schnarsche) etc.
Il y a deux temps de conjugaison : le présent et le passé composé : Ich bin, ich bin gsin. Les nuances s'expriment par des adverbes ou se devinent à partir du contexte.
L'appartenance de l'Alsace à la France s'est répercutée sur le plan lexical. Le fait d'être coupé politiquement de la sphère du Hochdeutsch qui, Outre-Rhin et en Suisse, sert aux locuteurs alémaniques de langue écrite (Schriftsprache), a permis la préservation d'un grand nombre d'archaïsmes, inintelligibles de nos jours même au pays de Bade ; d'autre part, le dialecte n'a cessé d'emprunter au français. Ces deux tendances séparent l'alsacien des parlers alémaniques d'Allemagne et de Suisse peut-être davantage que les caractéristiques purement phonétiques.

Usage
Aujourd'hui, on observe une forte diminution de l'usage de l'alsacien, surtout dans les centres urbains. C'est essentiellement au sortir de la Première et de la Seconde Guerre mondiale que les autorités françaises ont le plus œuvré pour que l'usage de l'alsacien disparaisse au profit du français. Il était alors notamment dit qu'«il est chic de parler français». Si le déclin continue, on peut cependant constater que l'alsacien a tendance à mieux résister que d'autres langues régionales, plus isolées, comme le breton.
On peut dire que le recul brutal de l'alsacien a commencé au cours des années 1970. L'irruption de la télévision dans la vie familiale est pour beaucoup dans ce recul : il n'existe pas de chaînes en dialecte, à peine quelques émissions, et le petit Alsacien élevé dans le bilinguisme français-alsacien comprend d'emblée les chaînes françaises alors qu'il a beaucoup plus de mal avec les chaînes allemandes.

Culture alsacienne
De nombreux artistes s'expriment en alsacien, contribuant à une culture spécifique, comme Tomi Ungerer, André Weckmann, René Schickelé, Jean Egen, Roger Siffer, Germain Muller, Liselotte Hamm et Jean-Marie Hummel, René Eglès, Sylvie Reff, Kansas of Elsass, Christophe Voltz, les Hopla guys (hoplaguys.cigogne.net) etc.

Une survivance : le français d'Alsace
Il faut entendre par « français d'Alsace » non la langue parlée par les vieux dialectophones, qui traduisent en fait en français ce qu'ils pensent en alsacien (ils sont aujourd'hui de plus en plus rares), mais la langue utilisée spontanément par des personnes qui souvent ne connaissent pas ou connaissent mal l'alsacien et n'ont absolument pas conscience d'employer des formes marquées localement. Ainsi une phrase comme « Je vais laisser réparer mes chaussures » pour « Je vais faire réparer mes chaussures » ne s'entend plus que dans la bouche de gens âgés ; en revanche une bourgeoise soucieuse d'imiter le langage parisien n'hésitera pas à parler de son « manteau de pluie » (Regenmantel) au lieu de dire « imperméable ». « Faire le singe » signifie à l'intérieur « faire l'imbécile pour amuser les autres » alors que le sens en Alsace serait plutôt « se rendre ridicule ». Un protestant vous dira souvent qu'il va « à l'église » et non « au temple » (ce dernier mot irrite même certains pasteurs). Sous l'influence de l'allemand «doch»; le mot «donc» s'emploie parfois au sens de « pourtant » (« Tu ne le sais pas ? Je te l'ai donc dit ! »).

L'enseignement et le bilinguisme français-allemand
Jusqu'à la Révolution française, l'allemand est la langue traditionnelle de l'école et de l'université. En 1853, le français devient la langue officielle de l'école, mais l'allemand reste enseigné 35 minutes par jour. En 1871 l'allemand redevient la langue officielle à l'école sauf dans les contrées francophones du Reichsland où le français est utilisé fortement. En 1918 c'est le rejet de l'allemand considéré comme une langue étrangère et ordre est donné d'utiliser la méthode d'enseignement directe, qui consistait à utiliser le français sans transition. En 1928 le décret Poincaré-Pfister réintroduit l'allemand au cours du 2e semestre de la 2e année scolaire à raison de 3 heures 30 par semaine auxquelles s'ajoute l'instruction religieuse donnée en allemand. En 1945 l'allemand est totalement supprimé de l'enseignement par mesure provisoire, mesure qui finalement durera. Dès 1951 l'opinion alsacienne demande son rétablissement et l'allemand est réintroduit à la discrétion et à titre facultatif avec des enseignants itinérants. Ainsi durant les deux dernières années du primaire certains Alsaciens bénéficient de 3 heures d'allemand par semaine. En 1971 85% des parents sont favorables à l'introduction de l'allemand à l'école primaire, selon un sondage de l'IFOP pour les Dernières Nouvelles d'Alsace. En 1972 démarre un enseignement de l'allemand qui exploite l'acquis dialectal des enfants de neuf ans à raison d'une demi-heure d'allemand par jour. En 1974, 8 000 élèves sur 60 000 bénéficient dudit enseignement, financé directement par les municipalités. A partir du debut des années 1990, l'association ABCM-Zweisprachigkeit développe les écoles bilingue paritaires. Depuis, la région a créé dans les écoles publiques des classes bilingues.

Comparaison entre alsacien, français; allemand, néerlandais et anglais
françaisallemandalsaciennéerlandaisanglais
terreErdeardaaardeearth
cielHimmelhemmelhemelheaven, sky
eauWasserwàsserwaterwater
feuFeuerfihrvuurfire
hommeMannmànnmanman
femmeFraufràivrouwwoman
mangeressenassaeteneat (to)
boiretrinkentrengadrinkendrink(to)
grandgrossgroosgrootgreat
petitkleinklain/glenkleinlittle, small
gros/grasdick/fettdéck/fatdik/vetbig/fat
nuitNachtnàchtnachtnight
jourTagdäi/dagdagday
aujourd'huiheutehit/hétavandaag/hedentoday
hiergesterngechtgisterenyesterday
demainmorgenmormmorgentomorrow
matinMorgenmorie/morgamorgenmorning
midiMittagmédeu/médagmiddagmidday
soirAbendove/opaavondevening
êtreseinsénzijnbe (to)
avoirhabenhovehebbenhave (to)


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