Avertissement :
le texte décrit le sentier tel que je l'ai parcouru au début des années 1970. Des choses ont pu changer depuis ! Si vous voulez partir sur mes traces, prenez la précaution de préparer votre randonnée avec les outils d'aujourd'hui (cartes, guides...), c'est plus prudent !
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Et revoici les parkings. Que de voitures ! Je renonce à les compter, ça me fatigue ! Heureusement que le sentier miséricordieux ne longe pas la route de trop près. A travers bois, il coupe le lacet de la route, puis descend vers Schaentzel. A travers la forêt de sapins, où des herbes forment un tapis vert qui provoque à la paresse, j'atteins en quelques pas la butte où fut installée l'artillerie qui bombardait le château des brigands...
Le voici qui se lève en arrière, l'orgueilleux château, voguant sur une mer de sapins, comme un navire qui s'éloigne, présentant sa poupe en signe de mépris. Puis l'aventure reprend sous les sapins aux troncs élancés. Tout autour, d'anciennes mines ouvrent encore des gueules béantes et des galeries à moitié effondrées. On y extrayait de la houille, mais aussi toutes sortes de minéraux inhabituels, brome, bismuth ou uranium1, réservant l'or et l'argent au versant de Sainte Marie aux Mines.
Plus loin, enfoui dans la forêt sombre, le rocher du Coucou entasse ses blocs de granit et fait rêver à l'appel du printemps.
Voici que la forêt s'ouvre. Un grand arbre étend ses ramures tutélaires ; une petite statue s'y accroche et raconte la légende dorée du village, qui doit son nom à une église en l'honneur de sainte Anne (Sankt-Annenkirch). Aucun rapport avec les sapins ni avec le Thaennchel qui lève ses parois raides et boisées au fond du cirque. Le village est cité en 1308 comme propriété des sires de Ribeaupierre.
Le village est semé avec grâce au milieu des prairies et des vergers de cerisiers, dans un vaste amphithéâtre de montagnes sombres. Tout là-haut, la forêt dissimule des rochers impressionnants qui s'égrènent le long de la crête et parlent des temps d'autrefois, où régnaient les géants et les druides. Vers le bas, le cirque s'ouvre sur une étroite vallée qui révèle au loin la plaine d'Alsace, mollement étendue au pied des monts. On dirait une petite station suisse égarée dans les Vosges, groupée autour de son église alliant l'authenticité du village de montagne à un air un peu snob pour séduire les touristes.
Le long de la route, il faut traverser le village, ses fermes vosgiennes et ses hôtels mondains. Puis le chemin repart vers la forêt, semé de cailloux. En arrière, le Haut-Koenigsbourg se hisse au-dessus des forêts. Le Taennchel projette son ombre gigantesque sur le village et le vallon. Un vent frais s'est levé sitôt que le soleil a disparu derrière le rempart de la montagne.
On traverse des prés à l'herbe rase, puis des pâturages mordorés, et enfin on atteint la forêt. Des arbustes poussent vite et envahissent le sous-bois, ne laissant qu'un étroit sentier.
Voici de nouveau un chemin forestier qui longe le flanc d'un ravin. Les pentes, couvertes de sapins, ont une étrange couleur de bronze. Quand les sapins cessent, la vue s'ouvre encore sur le vallon de Thannenkirch, gagné par l'ombre. Un mirador de chasseur est adossé à un grand arbre isolé. Depuis la plate-forme, le clocher de l'église du village adresse un ultime salut.
Au fond du ravin, on change de versant. La forêt s'assombrit, le sous-bois humide du versant nord abrite une végétation exubérante. Au bord du chemin, une croix, un petit monument usé, rappelle un événement oublié. Le chemin s'est redressé, et peu à peu la forêt s'éclaircit : on atteint la crête, non loin du col des Renk, vaste carrefour au milieu duquel quatre grands chênes se lèvent avec majesté. Ils lui ont donné son nom, carrefour des Quatre-Chênes.
Entre deux arbres, on aperçoit le donjon du Haut-Ribeaupierre, tout proche, flamboyant au soleil, qui nous retrouve au pied de la butte qui porte le château. Les petits arbres jettent sur le sol de curieuses ombres, tordues et démesurées.

1 L'ancienne mine d'uranium, qui figure sur les anciennes cartes du Club Vosgien, a disparu de la nouvelle carte de l'IGN. L'endroit est clôturé et inaccesible. Radiations ou secret-défense ?

© Bonnet 2005

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