Avertissement :
le texte décrit le sentier tel que je l'ai parcouru il y a une trentaine d'années. Des choses ont pu changer depuis ! Si vous voulez partir sur mes traces, prenez la précaution de préparer votre randonnée avec les outils d'aujourd'hui (cartes, guides...), c'est plus prudent !
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Les Vosges ! J'y arrive enfin. Car pour les géologues, c'est ici que le massif proprement dit commence. Il s’élève graduellement, pour atteindre l'ultime promontoire ouvert sur l'infini, à la porte du rêve.
Alors que j'entre en forêt, un long mur m'accompagne. Il limite un domaine qu’on nomme Garenne, car les cardinaux de Rohan avaient installé dans cette ancienne propriété épiscopale un élevage de lapins, destinés à enrichir leurs menus.
La forêt est claire, ce sont de hauts arbres ; sous la futaie pousse un épais taillis de petits arbres, d’herbes et de fougères. Le mur de la Garenne a fini par disparaître derrière un repli du terrain.
Au sommet de la colline, car si nous avons abordé les Vosges, ce sont encore pour un temps de bien modestes montagnes, c'est le prestigieux château de Haut-Barr qui m'attend. On imagine les évêques de Strasbourg gravissant ces pentes, de leur résidence de Saverne à cette imprenable citadelle. Arrêtons-nous un instant et fermons les yeux sur notre siècle pour les rouvrir sur l'histoire.
Un premier cortège apparaît à nos yeux... Deux hommes sont en tête, à cheval. L’un d’eux porte les longs vêtements d’un ecclésiastique ; mais son habit richement orné ne laisse pas de doute sur son rang ; il a nom Rodolphe de Rottweill, et il est l’évêque de Strasbourg. Le personnage qui l’accompagne est habillé plus simplement, encore que fort richement, et il ne fait aucun doute qu’il est un très noble seigneur ; son abondante chevelure et sa barbe de feu le trahissent : il n’est autre que l’empereur lui-même, Frédéric de Hohenstaufen, le légendaire Barberousse. L’évêque lui fait les honneurs son château de Borre. Derrière eux, c’est toute une suite de pages, d’écuyers, de chevaliers, de barons, les uns portant la livrée de l’évêque, d'autres arborant les armes impériales.
Chemin faisant, Rodolphe de Rottweill explique à l’empereur les origines de son château.
> Les origines du château...
Le sentier serpente encore le long de la pente, dans une forêt touffue, où les taillis s’épaississent encore et font naître de nouveaux fantômes du passé. Des fossés apparaissent, premières défenses.
Un nouveau cortège apparaît alors, sorti des ténèbres de l’histoire...
Conrad Probus, évêque de Toul, en compagnie de Conrad de Lichtenberg. La chapelle vient d’être restaurée, et en ce 5 janvier 1295, l’autel majeur est consacré à la Trinité, et la chapelle à Saint Nicolas. Les indulgences accordées par les évêques feront de la chapelle un pèlerinage fréquenté.
> La suite de l'histoire...
Puis un nouveau cortège sort de l’ombre des grands arbres.
Ce sont de grands seigneurs que l’évêque Jean IV a conviés à son château ; chacun est là avec sa suite d’écuyers et de pages, reconnaissables à leur livrée et à leur glorieux blason. Il y a là le Grand Maître de l’Ordre Teutonique, Henri de Bobenhausen ; près de l’évêque est le duc de Saxe en personne ; on voit aussi le comte de Salm, le comte de Nellenbourg, le baron de Fleckenstein, et Jean-Guillaume de Landsberg.
> La confrérie de la Corne
> Les heures sombres...
Le sentier est passé sur l’autre versant ; les arbres sont plus bas, et le sous-bois est envahi d’arbustes touffus ;des orties bordent l’étroit sentier. Puis la forêt cesse complètement. Devant nous sont dressés les trois fantastiques rochers du Haut-Barr.
> Visiter le Haut-Barr
Pour reprendre la route, il faut longer le parking ; cette esplanade est récente : elle date du début du 19ème siècle ; auparavant, un chemin montait de Saverne jusqu’à la porte, mais au delà, la pente tombait dès le pied du rocher. Si elle est pratique pour l'accueil des touristes, il n'est pas sûr que ce soit une bonne idée de permettre le stationnement des voitures aussi près du rocher.
Un regard vers l'arrière à l’extrémité sud du parking : c'est là que le rocher apparaît sous son aspect le plus impressionnant ; le Markfelsen élève ses 30 mètres de grès rouge comme un menhir cyclopéen, et tout le château se profile derrière lui. Une vision inoubliable de grandeur, de force, de majesté...
A peine a-t-on repris le sentier que se dessine entre les arbres une curieuse construction ; une petite tour surmontée de bras articulés : c’est la tour restaurée du relais du télégraphe optique de Chappe.
> Le télégraphe optique de Chappe
On peut aujourd’hui voir manœuvrer les bras du télégraphe ; on aperçoit au loin la station factice installée au sommet du Kochersberg.
Un petit musée postal a été installé dans le petit bâtiment attenant, figurant le logis du “télégraphiste”.
Le sentier s'écarte enfin de la route et s'enfonce dans la forêt. Ce sont de petits arbres ; les branches basses mortes donnent une teinte triste au sous-bois.
Mais il suffit de quelques pas pour que la forêt s’ouvre devant le donjon ébréché mais toujours puissant du Grand Geroldseck. Bien que ce château ne soit pas directement sur mon chemin, je ne pouvais pas résister à la tentation de ce court détour qui mène en ses murs.
> Visiter le Grand Geroldseck
Un nuage passe devant le soleil ; les grands arbres bruissent dans la cour ; alors, dans l'ombre de la grande salle des chevaliers et du donjon surgissent les ombres des Geroldseck...
> Histoire du Grand Geroldseck
Le soleil réapparaît, éclairant la vallée de la Zorn qui s’ouvre à nos pieds, estompant les fantômes...
Je reprends ma route ; en peu de temps, me voici au col des Geroldseck. Encore une fois, plutôt que de suivre le sentier horizontal un peu banal, je décide un détour, cette fois vers le Petit Geroldseck.
> Quelques mots sur le Petit Geroldseck...
Les grands pins ont pris la place des petits arbres, et le sous-bois a une couleur brune ; d’innombrables pommes de pin jonchent le sol ; par endroits, ce sont des myrtilles qui tapissent le sol ; leurs petites baies bleu sombre commencent à se former. Le soleil griffonne sur le sol des inscriptions mystérieuses.
Mais revoici déjà la civilisation : ici passe la petite route forestière qui va de Saverne à Haberacker. Mais cette route côtoie sans cesse le mystère dans lequel nous allons hardiment pénétrer, au cœur d'une antique cité celte, parmi les sorcières et les dieux.

© Bonnet 2003

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