Avertissement :
le texte décrit le sentier tel que je l'ai parcouru au début des années 1970. Des choses ont pu changer depuis ! Si vous voulez partir sur mes traces, prenez la précaution de préparer votre randonnée avec les outils d'aujourd'hui (cartes, guides...), c'est plus prudent !
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Près de la triste maison forestière abandonnée, le sentier caillouteux descend sans se presser, à l'ombre des arbres centenaires, à travers des taillis.
Après quelques lacets, il arrive devant une petite construction en bois, réplique miniature du Kiosque Jadelot, ce qui lui a valu le nom gentil de Petit Kiosque. Au delà des arbres, se dégage une jolie vue vers la plaine d'Alsace, surveillée par la masse altière du Haut Koenigsbourg. Sous le rocher qui porte le kiosque, coule une petite source captée, connue sous le nom de fontaine Hartmann.
La descente se poursuit, au milieu de châtaigniers aux larges feuilles vertes, sous lesquelles commencent à se former de petites bogues.
Voici la maison forestière du Moenkalb, au milieu d'une agréable clairière où serpente un ruisseau. Les spécialistes ne s'accordent pas sur l'origine de son nom. Etait-ce Mons Calvus, le Mont Chauve, qui lui viendrait des romains ? Ne serait-ce pas plutôt Moenchhalde, la côte des moines, parce que le prieuré de Truttenhausen possédait le monticule ? A moins que, comme on le prétend malicieusement dans la région, parce qu'un paysan de Barr, ayant perdu un veau sur ces prés, courait la forêt alentour en criant "Wo isch meen Kalb ?" (où est mon veau ?) Aucun alsaciologue distingué ne semble y avoir consacré de thèse, mais peut-être que le sujet passionnera un jour un docte savant qui nous étonnera par ses audacieuses hypothèses.
Le prieuré de Truttenhausen possédait droit de pâturage dans les environs, notamment dans les forêts de Barr. Le contrat faisait l'objet d'un rituel précis. Chaque année, 36 représentants de Barr montaient à Hohenbourg renouveler l'accord. On pouvait envoyer autant de bêtes qu'il venait de représentants des communes. On remettait alors une faucille au fermier du couvent en signe d'admission au pâturage ; le couvent offrait un festin et une récompense aux bourgeois.
Du Moenkalb, on suit la petite route vers Barr. Elle s'engage sur un plateau où viennent finir les vignes ; des tilleuls splendides, offerts par des Barrois, bordent la route. En automne, alors que le soleil fait étinceler la forêt de mille couleurs, le Gutleutrain est un joyau1, dont la magnificence fait oublier le nom un peu sinistre qui évoque une léproserie.
A l'écart de l'allée, le Turnerhiesel est le théâtre des exploits sportifs de la jeunesse des environs. Les vignes brillent au soleil d'août. Puis l'allée se termine et le chemin descend résolument vers Barr.
Au lieu joliment dit Wollblumenberg, la vue s'ouvre vers la plaine, en direction d'Obernai. Un peu de brume flotte dans l'air, mais le soleil trop vif délave les couleurs.
Voici de nouveau un petit kiosque de bois. Il porte le nom de l'ancien président du Club Vosgien de Barr, Emile Muller-Appfel. Le sentier se sépare maintenant de la route, au bord des vignes. A l'ombre de quelques arbres, dressés comme des sentinelles en avant du bois, s'abrite le monument dédié au fondateur du Club Vosgien de Barr, Edouard Héring.
Sans transition, la forêt fait place aux vignes du Kirchberg. Les grappes généreuses boivent aux rayons du soleil éclatant, attendant d'offrir à boire leur nectar dans les caveaux de la ville. A nos pieds, s'étale la ville de Barr, endormie au soleil qui lui donne l'aspect d'une tranquille cité provençale à l'heure de la sieste. Les toits rouges flamboient, et plus loin, d'autres villages s'alanguissent au milieu des vignes. Un paysage de paix et de sérénité. Seules quelques feuilles frémissent sous la caresse de la brise.
A peine sorti des vignes, on débouche dans la ville : l'église protestante ouvre son parvis ombragé d'arbres séculaires.
Barr est une charmante petite ville qui passe de l'activité industrieuse du cuir à celle du tourisme. La reconversion n'est pas allée sans mal : la population, qui atteignait naguère 5 000 habitants est tombée à 4 300 à la fin des années 60, mais la reprise s'amorce, car la ville ne manque pas d'atouts.
> Découvrir Barr...
Venant de l'hôtel de ville, je m'attarde le long de la route du vin, étroit passage entre les maisons à colombages, avant de franchir la Kirneck, dont le murmure m'apporte le souvenir d'Edouard Schuré, qui vécut sur ses bords et fut le barde du monde celtique, ressuscitant l'âme de notre pays. Une discrète plaque sur sa maison, au bord de la route qui monte au Mont Sainte Odile, rappelle son souvenir. Puis voici une avenue, bordée de maisons modernes fleuries à profusion, et la petite route monte le long du coteau. Les dernières maisons ont fait place aux vignes, qui s'élancent en rang serré. En arrière, s'ouvre un paysage attachant ; la cathédrale de Strasbourg pointe vers le ciel, et tout aussitôt, voici Mittelbergheim, où s'alignent des maisons de style alsacien majestueuses comme des châteaux. Les bâtiments laissent en leur centre une vaste cour ; des couloirs, des galeries en bois courent le long des étages. Les logis arborent leurs colombages ; des fleurs multicolores dégoulinent des fenêtres. Une porte énorme en bois sculpté clôt la cour. Elle n'est pas là pour barrer le passage, mais pour inviter à la franchir avec la certitude de la tranquille assurance qui attend le visiteur. Au mur, une enseigne vient nous apprendre que le seigneur du lieu est un viticulteur, qui invite à la dégustation du trésor de ses coteaux.
Et la route se poursuit vers Andlau, entre les maisons serrées. Un vieux pressoir s'offre à la curiosité des touristes, et plus loin, un lavoir recueille l'eau du ruisseau, qui raconte au fil de l'eau la vie d'autrefois.
Et revoici les vignes. On ne voit qu'elles, qui s'élancent au long de la montagne. Un calvaire marque la croisée des chemins. Et du rebord du coteau inondé de soleil, apparaît dans la calme vallée le clocher de l'antique église abbatiale d'Andlau.

1 Le Gutleutrain a mal vieilli. La splendeur de l'allée n'a pas survécu à de nombreuses chutes de branches et aux rigueurs climatiques qui ont endommagé les arbres.


© Bonnet 2004

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