Ventron-Kastelberg
A travers les forêts et les montagnes des Vosges...
Le long du rectangle bleu
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Un ciel chargé de gros nuages et un petit vent frais nous attendent pour le début de cette étape. Tout d’abord nous remontons au sommet, puis en route vers le col du Bockloch. Nous traversons une forêt de petits sapins. Le premier de la file a en plus l’honneur d’arracher sur son passage toutes les toiles que des araignées invisibles à nos yeux ont savamment tissées pendant toute la nuit. Nous remarquons également qu’en bordure du chemin un petit muret de pierres blanches gît pour nous rappeler qu’une frontière entre deux pays alors ennemis passait par là. Aujourd’hui, c’est avec plaisir que le marcheur entend un bonjour qui raisonne comme une salutation européenne. Nous atteignons le col, l’endroit est humide et il ne fait pas chaud. Sous de grands hêtres et des sapins nous poursuivons alors notre marche, tantôt sur une petite route tantôt sur un chemin forestier puis sur un tout petit sentier qui nous mène au col du Pourri Faing. Pour traverser ce site sauvage etmarécageux où poussent grandes herbes et petits arbustes, nous empruntons une petite passerelle en bois construite à même le sol. Après cette marche de crête depuis le matin, tout en nous approchant de l’Altenberg, là-bas dans le lointain, entre les arbres et juste sous l’épaisse couche nuageuse apparaissent les sommets de la grande crête. Ils sont là, le Batteriekopf, le Rainkopf et surtout le sommet central, le Rothenbachkopf et ils semblent dominer toute la contrée par leur hauteur, leur prestance et leur majesté.
Pourtant, la crête sur laquelle nous avons cheminé n’a rien à envier à ces monstres sacrés. On s’en rend bien compte après avoir contourné le sommet de l’Altenberg et ses imposants rochers et entamé la descente vers le col de Bramont. De loin, depuis la grande crête on regarde ces espaces couverts sans rien comprendre de la magie de l’endroit. Il faut y être vraiment pour en saisir toute la beauté de ce monde clos. En effet sous ces grands sapins se cache sur les pentes abruptes un microcosme d’une rare joliesse, tout de finesse et de grâce. Des digitales et tant d’autres petites fleurs poussent autour de rochers immenses, plus loin, des arbres ou des branches cassées contemplent tristement la scène. Le tout est en plus éclairé avec mesure par les rayons du soleil qui fait de timides apparitions, lumière distillée comme il le faut par les branches des sapins qui bougent nonchalamment avec le petit vent qui souffle. Le tout est entrecoupé par des notes venant d’oiseaux s’étant réfugiés dans les arbres à notre approche. Après une bonne descente en lacets dans les rochers et les pierriers nous atteignons le col du Bramont.
Nous surplombons maintenant la haute vallée de Thann, et nous nous mettons en route pour rejoindre la grande crête au niveau du Rainkopf. Pour l’heure, nous cheminons sur un petit sentier qui nous permet d’apercevoir tout en bas l’éperon rocheux du château de Wildenstein ainsi que le grand lac de Kruth. L’heure du repas se rapproche, tout comme la silhouettede plus en plus imposante du Rainkopf. Un petit refuge en pierre et en bois apparaît alors dans le petit Col de l’Etang ou Seesattel. Tout le site est recouvert d’un tapis de feuilles mortes qui seraitsi beau avec le soleil mais qui se révèle un peu triste quand celui ci est caché comme c’est le cas maintenant. Sur notre droite, on voit également les premiers lacets de la rude montée qui nous attend dans quelques instants. Mais nous décidons d’attendre un peu avant de gravir le sommet pour descendre en contre bas du col. Là, entre les arbres apparaît une clairière, puis en nous approchant la couleur verte de l’herbe bien grasse devient visible. Enfin, nous nous trouvons à l’orée de la forêt devant la tourbière de Machais. Au milieu, seul un petit étang rappelle le temps où un lac couvrait ce grand pré vert.
Puis nous voilà partis en direction du sommet. Tout d’abord sous de grands arbres nous gravissons une vingtaine de petits lacets et nous quittons cet écosystème si spécifique à la crête où nous avons cheminé jusqu’alors. Maintenant, le paysage est plus classique, mais non moins attachant. Longeant toujours le muret de frontière nous traversons une petite clairière nichée entre les sapins pour atteindre la Route des Américains, puis, quelques instants après nous rejoignons la Route des Crêtes. De là, nous apercevons sur notre droite la pente vertigineuse du Rothenbachkopf qui plonge dans la vallée et de l’autre côté, tourné vers l’Alsace, c’est le sommet entier qui tel un monstre guettant sa proie reste là surplombant le vide pour toute une éternité. Nous terminons alors la montée sur un petit sentier bordé de nombreux myrtillers qui gardent encore pour quelque temps leurs précieux fruits qui finiront sans aucun doute dans une bonne tarte si appréciée après une journée de marche. Nous laissons les derniers petits sapins sculptés par le vent puis nous rejoignons le sommet annexé pour l’été par de belles vaches noires et blanches avec leurs sonnailles, qui broutent l’herbe du sommet. De là on a une vue splendide. Sur notre droite au premier plan, plus majestueux que jamais le Rothenbachkopf, puis toute la grande crête qui culmine dans le Grand Ballon. Derrière nous, nous apercevons toute la crête que nous avons parcourue depuis deux jours. Enfin, devant nous s’ouvre la vallée de Munster éclairée par le soleil alors que nous sommes dans l’ombre. Cette vallée est surplombée par la petite crête marquée par le Petit Ballon. Enfin sur notre droite, le dômedu Kastelberg nous masque le Hohneck. Tout au fond de la vallée, au pied du Rainkopf et du Kastelberg, on aperçoit le petit lac d’Altenweiher qui nous rappelle les Neuwheier que nous avons admirés deux jours plus tôt. Nous descendons ensuite du sommet les yeux émerveillés par cette vue si belle que nous avons contemplée. Après être passés sous une petite hêtraie d’altitude, nous longeons un chalet du Club Vosgien et la ferme auberge Firstmiss, puis nous nous engageons au flanc du Kastelberg. En se retournant une dernière fois, on contemple alors la triplette Batteriekopf, Rainkopf et Rothenbachkopf avant de s’engouffrer à nouveau sous de petits hêtres aux troncs ayant poussé dans toutes les directions comme des cheveux emmêlés par le vent de la montagne. Puis nous voilà sur la chaume tout proche de la ferme auberge Kastelbergwasen. C’est là que nous quittons le rectangle bleu pour rejoindre le sommet du Hohneck.

© Bonnet 2003

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