Rouge-Gazon - Ventron
A travers les forêts et les montagnes des Vosges...
Le long du rectangle bleu
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Nous partons le plus tôt possible en direction du Grand Ventron après une bonne nuit passée dans le refuge, où, seul fait marquant, le chien a voulu jouer avec nous alors que nous dormions. Nous retraversons les pâturages qui servent de pistes de ski en hiver puis la ferme pour rejoindre le rectangle bleu. Quelques vaches semblent nous suivre du regard. Entre les prés fleuris et de petits arbustes sculptés par le vent nous prenons la direction de la chaume des Neufs-Bois. Après avoir contourné deux petits étangs, nous y arrivons. Le vent aussi se met à souffler. Dans la prairie, les hautes herbes, les belles fleurs violacées se mettent à danser sur notre passage,comme pour nous saluer. Plus loin, un petit muret de pierres blanches limite le pâturage. Ça et là, quelques bruyères recouvrent le sol d’un beau tapis rosé. Quelques personnes sont là, fouillant ces précieuses herbes à la recherche de quelques myrtilles qui feront la joie de tous dans une bonne tarte. Le chemin lui aussi traverse cette chaume. Nous y sommes bien car dans la fraîcheur du matin le site invite à la méditation et au repos.
Malheureusement, nous ne pouvons nous y attarder car le col de Bussang est encore loin. Maintenant, nous cheminons sur un petit sentier taillé dans la pente. A travers les grands hêtres, quelques rayons du soleil nous parviennent et nous réchauffent. Au détour d’un lacet un écureuil apparaît puis sentant notre présence, s’engouffre dans le tronc d’un arbre tout proche. Plus loin, c’est un chevreuil qui nous fuit. Enfin, un orvet se dorant au milieu du chemin ne fait pas le moindre mouvement à notre approche. A mi-chemin, nous rejoignons le chalet Saint Hubert qui surplombe la route menant au Col de Bussang. Silencieux, il attend d’autres randonneurs qui le visiteront et graveront leurs noms, leurs titres et leurs sentiments sur ce monument perdu au milieu des bois. Car c’est vrai, l’endroit est vraiment sauvage. Les rares sentiers que nous croisons sont bouchés par de grandes herbes folles et de vieux sapins nous masquent la vue lointaine. Enfin, nous descendons rapidement vers le col. Surprise. Pour accéder à la route, nous devons emprunter une échelle de fer.
Après avoir traversé difficilement cette route (nous en avions presque perdu l’habitude), nous commençons à gravir le chemin des Russiers en direction du Petit Drumont. Tout d’abord, la pente est très forte, puis elle devient plus régulière et nous nous élevons en direction des crêtes. De temps en temps, nous levons la tête pour découvrir entre les troncs des sapins un coin de ciel bleu nous indiquant que le sommet serait proche. Le sentier n’est pas large, il est pentu, nous n’allons pas vite. On peut donc observer le sous bois. Les fougères, les petits arbustes jusqu’au plus grands sapin, tout ici décline la couleur verte du plus foncé au plus clair. Cependant, de-ci, de-là, en observant bien, on voit une baie rouge, une petite fleur blanche, un rayon de soleil illuminant un petit ruisseau qui saute à travers les pierres. Non, le paysage n’est pas monotone, tout est nouveau à chaque pas. Enfin, le sommet nous apparaît entre les arbres, on le croit à portée de la main, mais il faut garder son calme car la montée n’est pas encore terminée. Lorsque nous sortons de la forêt, univers fermé sur lui-même, et que nous gagnons la chaume proche, le randonneur ressent les mêmes impressions que le croyant sortant d’une cathédrale aux magnifiques vitraux, aux sculptures subtiles, se trouvant maintenant sur le parvis prêt à admirer le monde extérieur après avoir contemplé tant de beautés. Rapidement, nous gravissons le sommet pelé du Petit Drumont qui surplombe une ferme auberge. De là, on domine toute la contrée. Au fond, le Ballon d’Alsace, tel une tour d’angle, est flanqué du Ballon de Servance. Au fond de la vallée ce sont les maisons de Bussang qui tapissent les pentes. De l’autre côté, au-delà de la tête de Fellering on aperçoit toute la grande crête à partir du Grand Ballon jusqu’au Rainkopf.
Nous empruntons alors un chemin de crête pour atteindre le Grand Drumont. Au sommet, un petit banc est là comme pour inviter le marcheur à faire une halte, à prendre du temps pour admirer le paysage de cette très belle crête. Malheureusement, le ciel se charge de gros nuages noirs, l’orage n’est pas loin. Nous décidons de poursuivre notre route pour nous protéger dans le petit col d’Oderen. Là, nous trouvons un vieil abri qui servait peut-être jadis aux douaniers français qui surveillaient la frontière. L’orage n’est pas long, il permet cependant à l’atmosphère de se rafraîchir quelque peu.
Rapidement nous nous remettons en route. Il faut maintenant regagner les pâturages des Hauts de Felzach. Le chemin traverse une hêtraie. Le sol d’une belle couleur orangée est encore tout fumant. Le soleil ne tarde pas à ressortir et ses rayons s’amusent avec les gouttelettes d’eau qui tombent encore des arbres. Quelques toiles d’araignées jetées entre deux arbres scintillent. La forêt est à nouveau en fête. Maintenant, nous entrons dans un enclos. Celui-ci est bordé par un petit muret de pierres blanches qui longe la forêt de feuillus. Les vaches qui occupent cet espace se sont toutes rassemblées pendant l’orage près des quelques petits arbres au milieude la chaume tout près du sommet. Elles broutent maintenant, comme si rien ne s’était passé, les grandes herbes et les petites fleurs qui restent droites par ci par là. Le sol regorge d’eau, on a presque l’impression de marcher sur une éponge gorgée d’eau. Le sentier se réengouffre ensuite de nouveaudans la forêt. Ici ce ne sont plus ces très hauts sapins majestueux lancés dans le ciel comme des statues gigantesques. Simplement de petits hêtres et d’autres arbustes rabougris qui recouvrent le faîte des montagnes. Sous les arbres, on découvre de petits rochers blancs entre les hautes herbes et les branchages que le vent a cassés et qui finissent paisiblement leur vie dans cet univers secret. Ce chemin de crête est passionnant. Sans cesse, il nous faut descendre, remonter contourner un petit sommet ou un gros rocher. On ne peut vraiment pas se lasser. De temps en temps, nous rencontrons une clairière. Dans l’une d’elle se tient un petit refuge. Il reste encore dans le fond un peu de bois pour qui voudra allumer un feu dans la petite cheminée. Derrière la bâtisse de bois, on peut admirer entre les arbres la chaume des Vintergés.
Partons ensuite en direction des deux Ventron. Nous rejoignons tout d’abord le petit. Le sommet est complètement boisé et nous n’avons aucune vue. Puis à travers les myrtilliers et les bruyères nous longeons la forêt pour terminer d’arriver au sommet du Grand Ventron. De ce sommet, nous voyons toute la petite crête depuis le Ballon d’Alsace. En face de nous majestueuse et imposante nous pouvons également admirer la grande crête. On devine au loin dans les pâturages près des cols quelques vieilles métairies comme la ferme Huss en contrebas du col du Herrenberg. La vue est vraiment splendide, pourtant le sommet est très discret. Il ne présenteque quelques sapins proches de son sommet, et il est plat comme un ballon que l’on a dégonflé. Pour découvrir le charme de cette montagne il faut vraiment être là, sur place, sur cet observatoire audacieux mais discret. Le soir approche. Nous décidons alors de rejoindre l’auberge un peu plus bas où nous allons passer la nuit.

© Bonnet 2003

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