Avertissement :
le texte décrit le sentier tel que je l'ai parcouru il y a une trentaine d'années. Des choses ont pu changer depuis ! Si vous voulez partir sur mes traces, prenez la précaution de préparer votre randonnée avec les outils d'aujourd'hui (cartes, guides...), c'est plus prudent !
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> Deux mots sur Graufthal...
Graufthal est surtout connu par les maisons troglodytiques creusées dans le rocher de grès rouge qui forme falaise au-dessus du village et qui étaient encore partiellement habitées jusqu'au milieu du 20ème siècle. Certaines se visitent encore : la fraîcheur est agréable en été, mais l'humidité et le froid devaient être terribles en hiver.
Depuis le cimetière, au bord de la Zinsel du Sud, on a une jolie vue sur le village, les maisons serrées autour de l'église qui pointe son fin clocher, et, comme toile de fond, la longue falaise couronnée de sapins, qui forme barrière, comme un décor de théâtre...
J'emprunte un chemin herbeux à la lisière de la forêt. là-haut, menaçants au milieu des grands sapins et des broussailles, des rochers sombres sont épars sur la pente ; d'autres couronnent les crêtes, en longues files, comme une armée en marche.
Brusquement, la forêt s'arrête pour une trouée rectiligne, à peu de distance des quelques maisons de Hammerweyer.
> Le cyclone de 1968...
Des rochers nous narguent depuis cette pente encore dénudée ; l'un d'eux, fortement fissuré et effilé semble un gigantesque couperet, prêt à tomber sur le randonneur imprudent. Puis revoici la forêt, et les premières maisons du hameau d'Oberhof.
Un vieux pont branlant en bois enjambe la rivière. Il mène à la route qui vient de Phalsbourg mais la forêt me rappelle vite. Un écriteau rappelle que la rage sévit dans toute la région. Le sapin ici règne en maître ; les myrtilles et les fougères se disputent le sous-bois.
Me voici tout près du sommet du Grand Fallberg, où de nombreuses découvertes ont été faites, des temps préhistoriques, jusqu'à des monuments gallo-romains.
Mais le sentier ne s'intéresse pas à l'archéologie. Il semble se diriger avec hâte vers un but qui le fascine et lui interdit tout retard et tout détour.
Il rejoint une route départementale, traverse avec elle l'autoroute, et la suit jusqu'à ce qu'elle rencontre la nationale 4, au lieu-dit "la Colonne". Le vacarme des voitures vient de nouveau troubler le calme des forêts. A première vue, pas de quoi être fasciné, et pourtant ici, on aborde une porte. Les petites collines des Vosges du nord s'arrêtent ici pour laisser la place aux premières avancées d'un vrai massif de montagnes marquées, de plus en plus raides, de plus en plus hautes. A Saverne qui en marque la charnière, la traversée des Vosges se réduit à la descente sur le rebord de faille, à peine une lieue de largeur. En haut du plateau à peine vallonné, apparaissent les maisons de Danne-et-Quatre-Vents. Danne a la même origine que Thann, sapin, et il n'est pas étonnant que sur cette arête de plateau, le village soit devenu "Quatre Vents".
Le sentier traverse la route nationale mais la longe de trop près, si bien que d'un bout à l'autre, sans les voir, on sera troublé par ce bruit incessant des moteurs.
On passe ainsi derrière la Maison forestière Kaltwiller, sur un chemin encombré d'arbustes dont les branches basses balayent le sol.
Devant moi se lève soudain une formidable barrière : aussi loin qu'on puisse voir, à droite comme à gauche, à travers les hêtres, il n'y a aucune interruption ; un fossé précède un talus formant un rempart haut de 5 mètres, que le sentier franchit. Cette fortification cyclopéenne devait peut-être barrer le passage facile du Col de Saverne, dès les temps préhistoriques. En 1744, alors que sévit la guerre de succession d'Autriche, le baron de Trenck, à la tête de son armée de croates et de hongrois connus sous le nom de Pandours, tenta non sans succès d'y retenir les troupes françaises qui venaient de Lorraine. Aussi ce rempart est-il connu sous le nom de fossé des Pandours. Ces mercenaires ont laissé dans la région un souvenir déplorable, au point qu'on qualifiait de Pandour tout être brutal.
Brusquement, sans que rien le laisse prévoir, le chemin, jusqu'à présent assez plat, s'incline fortement. Tout près, on entend changer le régime des moteurs des voitures. C'est le Col de Saverne et la légendaire côte de Saverne.
La forêt s'ouvre sur un immense rocher ; c'est le couronnement d'une suite de petites roches qui surplombent le chemin depuis quelque temps.
C'est le Saut du Prince Charles.
Arrêtons-nous un moment à ce rocher et laissons parler la légende, avant de donner la parole à l'histoire.
> Légende du Prince Charles
> L'histoire de la route du Col de Saverne
On peut monter au sommet du rocher, d'où on devine, au-dessus des cimes des sapins, une petite partie de Saverne et de la plaine d'Alsace. Tout près d'ici se trouve un fabuleux jardin botanique. C'est en 1931 que le botaniste savernois Emile Walter, vice-président du Club Vosgien réalisa cette merveille. On y admire plusieurs milliers de plantes.
Puis, au milieu des hêtres, la descente reprend le long de la pente du rocher en lacets ; en apercevant encore le rocher à travers les arbres, tout en haut de la pente, on imagine la course folle du prince Charles.
A l'orée de la forêt, voici le monument Edmond About. La maison de cet écrivain savernois a été agrandie et transformée en maison de repos.
Aussitôt après, le sentier entre dans Saverne.

© Bonnet 2003

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