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Des bruyères aux chaumes
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Grand Ballon


Un jour, il y a bien longtemps, montant au Taennchel, j'ai entendu le vent comme je ne l'avais jamais entendu. J'ai eu l'impression que c'était un orchestre invisible qui jouait une mélodie expressive et animée en l'honneur des Vosges. C'est ce jour-là que j'ai conçu la Symphonie Vosgienne.
Un autre jour, j'ai entendu, très loin d'abord, puis de plus en plus proches, sur les ailes d'une douce brise, les sonnailles d'un troupeau près d'une ferme-auberge. C'est ce jour-là que j'ai décidé d'écrire la Symphonie Vosgienne.
Ecrire une symphonie est une bien prétentieuse manière de m'exprimer : car je suis, j'ose le dire, plus que mélomane : la musique est pour moi une passion, un monde enchanté de bonheur et d'intense émotion où je viens me réfugier quand la vie devient agressive. C'est plus que jamais le cas depuis que la maladie et le handicap m'ont interdit l'accès aux sentiers d'autrefois. Mais je ne suis pas musicien ; mes compétences en solfège sont des plus limitées et je ne pratique à regret aucun instrument. Ne parlons pas d'harmonisation ou d'orchestration1. Alors j'ai dû me contenter d'évoquer la musique que j'entends si bien en moi mais que je ne saurai jamais faire entendre à d'autres.
C'est de cette difficulté que viennent toutes les imperfections de ces pages. Peut-être le lecteur n'entendra-t-il rien en me lisant. Qu'il soit pourtant assuré que moi, en écrivant, j'entendais bien autre chose que mes doigts sur le clavier de mon ordinateur. La symphonie Vosgienne n'est pas un simple rêve. Je l'ai tellement entendue que si un musicien écrivait pour de bon cette symphonie, je pourrais lui dire sans hésitation s'il a "vu" comme moi ou pas, autant avec les yeux du cœur qu'avec ceux du corps.
Le cadre des quatre mouvements de la symphonie classique m'a paru trop restreint. Ma symphonie est plutôt une suite de sept poèmes symphoniques, un peu dans l'esprit de "Ma Vlast" de Smétana (que je ne connaissais pas à l'époque), autour de sept montagnes qui sont pour moi autant de symboles.
Je n'ai pas choisi la tonalité au hasard. Je voulais exprimer la grandeur autant que la poésie des Vosges. Ce n'est pas par hasard si do majeur est la tonalité de la Symphonie Jupiter de Mozart et de la Grande Symphonie de Schubert.
Tout au long de la symphonie, c'est le vent qui nous servira de guide, par l'intermédiaire des violons. C'est lui qui est le premier admirateur des Vosges et mon compagnon de route. J'ai confié à d'autres pupitres certaines évocations, de sorte que la plupart des mouvements ont un instrument principal.
Il ne me reste qu'à vous souhaiter bonne lecture, bonne promenade et aussi bon concert, en espérant que j'aurai su rendre ma baguette de chef d'orchestre assez expressive pour que les instruments ne restent pas désespérément muets.
Et si je n'ai pas réussi, il vous reste à écouter votre propre musique, ou, face à un paysage des Vosges, celle du vent et du silence de la nature, qui est la plus belle des symphonies.

1 Mes enfants, eux, s'y sont mis : du piano à l'orgue en passant par la flûte traversière et la guitare. Mais quand ils ont appris, j'étais trop vieux pour m'y mettre et ça n'a pas amélioré mes compétences.