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1. Du Mont Sainte Odile au Menelstein
2. Du Menelstein au "Parking du bas"
3. Du "Parking du bas" au Hagelschloss
4. Du Hagelschloss au Mont Sainte Odile

1. Du Mont Sainte Odile au Menelstein
Il n'y a pas de sens ni d'origine obligatoire pour parcourir le mur païen... Qui saurait dire où était le centre de cette énigme archéologique ? A partir d'où a-t-on commencé à construire ce mur cyclopéen et insensé ? A quoi pouvait-il vraiment servir ? C'est avec ces questions dérangeantes dans mes bagages, que je quitte le Mont Sainte Odile. Car c'est peut-être bien là, sur cet éperon vertigineux lancé vers la plaine d'Alsace qu'a débuté cette aventure unique en Europe...
Quelques marches descendent au pied du rocher. Le chemin de croix en céramique, œuvre de Léon Elchinger de Soufflenheim dont la famille compta un des récents évêques de Strasbourg, a trouvé place dans l'ombre des rochers et des arbres. La marche est malaisée, au milieu des racines. Elle devait l'être lors du premier chemin de croix.
Mais voici déjà la porte romaine. Le rocher que traverse la route moderne porte encore les rainures et les encoches qui marquaient la porte antique de l'enclos fortifié d'Altitona. A cet endroit, sur un éperon de rochers où se trouvent maintenant des bancs, avait été érigée la petite Chapelle des Rochers, récupérée de l'exposition universelle de 1925 où elle figurait l'église du village alsacien. Œuvre d'artistes alsaciens, délicate selon les uns, désuète ou inadaptée selon les autres, elle ne représentait en fait pas grand-chose et elle était déjà dans mon enfance la cible des vandales. Aux portes du Mont Sainte Odile, elle était devenue une verrue et a été enlevée.
Les siècles dansent devant mes yeux. Je m'engage pour de bon dans la forêt. Le sentier louvoie en contrebas de ce qui reste du mur : quelques moellons épars, et surtout pas mal de boue. Au-dessus de moi se dessinent les Beckenfels, qui évoquent des miches cyclopéennes oubliées là par quelque titanesque boulanger.
La forêt s'épaissit, devient sauvage. La pente fuit à ma gauche, dégringolant le vallon où sommeillent les ruines de Niedermunster, à travers lesquelles on peut encore entendre au fond de la solitude le chant un peu triste de la mère de l'Alsace qui l'a fondé. Grandeur et décadence.
Le sentier descend le long de la pente, comme s'il oubliait son but, mais voilà qu'un appel pressant le ramène dans le droit chemin. Des rochers, des marches de pierre branlantes, l'obligent à remonter. Et voilà qu'un rocher colossal barre le chemin, l'obligeant à se faufiler dans un passage étroit. Une plaque sombre enchâssée dans le grès rappelle le souvenir de Curt Mundel, mort en 1906, un des grands précurseurs de la randonnée vosgienne, auteur du premier guide des Vosges. Petit arrêt, bref salut à ce pionnier vénérable, avant de déboucher dans la lumière au sommet du Rocher du Panorama.
Un nom bien mal mérité : au temps de Mundel, peut-être, maintenant plus du tout. Les arbres ont noyé toute vue dans un océan de regrets. Il ne reste que quelques lambeaux de champs ou de toits à travers les branches. A peu de distance, un autre petit rocher porte le nom bizarre de Rocher du Canapé, à cause de cupules probablement naturelles qui forment des sièges. Quand j'étais petit, ces encoches me semblaient des trônes. Aujourd'hui, il a l'air d'un jouet pour enfant de géant...
Le chemin repart en contrebas du mur, qui suit comme sur la majeure partie de son trajet le rebord du plateau. Il zigzague le long des fantaisies des courbes de niveau, trois pas en montée, deux en descente, avec encore beaucoup de boue. Le plateau de la Bloss est une vaste éminence presque plate, qui retient beaucoup l'humidité. On n'y comptait pas les citernes naturelles au moyen-âge, elles se sont lentement asséchées à l'époque moderne. Mais la boue est toujours là, même par temps plutôt sec, enfermée dans les creux du sentier.
Voilà le carrefour de la Handschab. Un sentier dégringole la pente raide vers l'Ameisenberg et le Landsberg. Il traverse des forêts chargées de mystère, où l'histoire a aussi laissé sa trace. Au rocher de Kappellenhouse, au milieu de blocs épars, on a cru voir les restes d'un poste de garde de l'époque romaine. Notre sentier, lui, s'élève doucement. Parfois le mur dresse ses alignements cyclopéens, parfois il n'en reste qu'une rangée. Les arbres se font plus bas, le ciel s'étale à travers leurs branches. Enfin il s'ouvre sur un rocher surplombant, le Menelstein.

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2. Du Menelstein au "Parking du bas"
C'est le point culminant du mur païen. Malgré son apparence fragmentée, il serait en profondeur monolithique, d'où son surnom d'Einstein. Il se dresse avec arrogance au-dessus des forêts en face de la plaine d'Alsace qui s'étale au pied des monts, noyée dé brume. Ici se conjuguent encore la légende et la tradition. Son nom viendrait, dit-on, des vieux dieux celtes Men et El, et sur son sommet, un anneau aurait servi à amarrer l'Arche de Noé, ou peut-être les embarcations de la préhistoire, aux époques mythiques ou l'Alsace aurait été un immense lac... Parfois, en automne, la mer de brume monte à l'assaut des roches ; au loin, émergent les sommets de la Forêt-Noire et on pourrait alors rêver que les fées traversent ce lac irréel pour échouer ici.
La vue reste décevante. Des arbres ont disparu, mais les survivants ont voulu rabattre la superbe du rocher inerte en montant plus haut que lui. Il fut un temps, dit-on, où on pouvait apercevoir les Alpes Bernoises. La table d'orientation va plus loin dans l'optimisme, en indiquant des directions comme Oslo ou Copenhague. Il ne me reste aujourd'hui qu'un peu de rêve devant la plaine d'Alsace, anonyme dans son manteau de brume. Au pied des monts, le château de Landsberg dresse son donjon, ses murailles ébréchées et ses tours d'angle, et plus loin, le clocher délabré de Truttenhausen émerge des arbres. Si on prête l'oreille, on entend sourdre, de la chapelle du château et des voûtes effondrées de la vaste église, le souvenir de la grande abbesse Herrade qui a porté le monastère de Sainte Odile au faîte de sa gloire.
Après le Menelstein, le sentier continue à l'intérieur du mur, au milieu des racines enchevêtrées des sapins et des petits rochers semés dans la forêt. Voici un arbre aux branches basses que nous nous amusions à escalader comme un escalier quand nous étions enfants. Dans la lumière tamisée du sous-bois, j'y verrais bien aujourd'hui Zachée sur son sycomore, tout accaparé par la curiosité, se hisser pour voir passer Jésus. Enfin la forêt s'élargit et révèle une plate-forme rocheuse. Ce Schafstein m'a toujours impressionné : directement accessible, il ouvre sur un à-pic sans la moindre rambarde, et le mur s'arrête sur ses bords.
Le sentier s'infléchit vers l'ouest et la forêt découvre un étonnant bloc erratique posé sur la pente à quelque distance du mur. Ce Wachtstein est une énigme de plus. On y a vu une colossale tour de flanquement naturelle où les gardiens de la forteresse auraient pu faire des signaux, d'où son nom. Mais pourquoi est-il ainsi à l'écart, simplement relié au reste par un petit mur ?
J'ai du mal à croire que le mur païen ait pu être une enceinte militaire. Sur plus de 10 kilomètres, sur un parcours qui tourne sans arrêt, il aurait fallu une foule de guetteurs pour en assurer la sécurité. J'ai du mal à croire les dessins de reconstitution qu'on peut voir dans des livres récents et pourtant très sérieux. Ils m'ont l'air aussi caricaturaux que ceux de Hansi croquant les armées d'Arioviste ou celles du Kaiser. Alors était-ce une enceinte sacrée ? Mais il faut lui reconnaître des qualités militaires : il s'appuie constamment sur le rebord du plateau, et pourquoi pour une enceinte sacrée un mur aussi colossal ? Devant le Wachtstein, je rêve. On n'est pas prêt de résoudre l'énigme, et c'est sans doute heureux. Le mur païen garde son mystère, et sa poésie.
Je reprends le chemin, qui commence à descendre, à travers les racines apparentes et les rochers, à l'intérieur du mur, bien conservé, impressionnant. Au détour du chemin, parmi les feuilles mortes qui donnent au sous-bois un ton fauve, voici à mes pieds un entassement étrange de rochers. Il ménage une petite ouverture. On voudrait imaginer Panoramix accroupi sur le seuil, préparant une potion magique. On a cru voir dans cet empilement un dolmen. Là encore, la frontière est ténue entre la réalité, le rêve et le mythe. Peut-être que par les nuits d'orage et de tempête on peut encore voir devant cette Grotte des Druides une silhouette blanche avec sa récolte de gui.
Le sentier continue de descendre, mais il porte ici un souvenir tout frais et tragique. Un avion en approche à l'aéroport de Strasbourg est descendu trop bas et a percuté la montagne. La plupart de ses passagers ont laissé leur vie au moment où ils croyaient arriver. On a incriminé des erreurs humaines, des pannes, la lenteur des secours, la fatalité. Le grillage qui enserre ce site poignant fleurit encore de bouquets et de croix.
Nous voici à la route départementale. A quelques pas, des archéologues ont exhumé la porte par laquelle la route romaine traversait le mur. Ici encore, on a imaginé une fortification démesurée, une barbacane délirante. Encore une fois il vaudrait mieux se taire et essayer d'écouter le silence des siècles. Tout près d'ici, on a également mis à jour des tombes : quatre pierres plates forment une fosse qu'on recouvrait d'un dôme de terre (tumulus). On les prétend mérovingiennes.
Comme s'il sentait ces interrogations qu'il suscite, le mur ici se cache. Il fait un large tour où ne subsiste presque rien de lui, dans une forêt basse et triste, puis il débouche sur le parking en contrebas du Mont Sainte Odile. Non loin, près du carrefour des routes, on montre encore la fontaine Saint Jean, une de ces nombreuses sources maintenant asséchées que compte le massif, toute triste derrière un mur percé d'une ouverture pompeuse en plein cintre, ouvrant sur l'absence. La plupart de ces sources ont maintenant tari, à l'exception de celle de Sainte Odile.
Ici, sur ce parking, c'est notre siècle et ses ingénieurs qui ont joué les vandales. Pour l'agrandir et désengorger le sommet, ce qui était une criante nécessité, on a noyé sous des tonnes de terre et de goudron une portion bien conservée qui le longeait. Honte aux responsables, aux coupables de ce massacre !

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3. Du "Parking du bas" au Hagelschloss
Au bout du parking, un méchant escalier de rondins rejoint le niveau du mur, qui s'affirme avec superbe, monte et descend au gré du terrain, suivi à peu de distance par une autre de ces trouvailles du génie moderne pour hommes d'affaires surmenés : un parcours de santé. Les arbres se dressent comme les piliers d'une cathédrale, le sol est tapissé de myrtillers. Par instant, entre les troncs, on voit scintiller les toits du couvent. J'ai terminé la partie sud du mur, sans doute la plus ancienne et la plus achevée.
Mais pour l'instant, c'est un vrai mur de forteresse que longe le sentier sablonneux, tour à tour tapissé de petits cailloux glissants ou d'un humus élastique d'aiguilles de sapin parsemé de pommes. Voici le mur descend brusquement et fait un coude marqué qui domine un rocher. Peut-être, comme le Wachtstein, au lieu d'être un poste de guet militaire, ce rocher était-il un sanctuaire, car pour le civiliser, on a appelé à la rescousse Saint Nicolas : c'est lui qu'on retrouve habituellement pour christianiser les lieux de culte druidiques à travers les Vosges et l'Europe. En laissant son nom à ce rocher, il l'a exorcisé des ombres des druides et des sacrifices sylvestres de nos aïeux.
On ne voit plus grand-chose du profond vallon du Hirzthal qui s'ouvre à nos pieds. Un peu partout la forêt a envahi les versants. Dans ma jeunesse, on apercevait encore ici, comme de la terrasse de Sainte Odile, les ruines mystérieuses du château de Dreistein.
Le sentier longe encore le mur, qui s'appuie sur des rochers. A leurs pieds, une ouverture permet de passer par-dessous. On l'appelle encore "porte de sortie" : on affirmait autrefois que c'était un passage qui permettait à d'éventuels assiégés d'aller se ravitailler en eau à la petite source de la Badstub, en bas du vallon. Cette explication m'a toujours laissé perplexe : maintenir une porte ouverte dans un rempart me paraissait imprudent, devoir se ravitailler en eau aussi loin à l'extérieur tout autant, surtout que la Badstub est une jolie mais toute petite source dans laquelle, malgré son nom, il serait aussi difficile de prendre son bain que d'alimenter toute une population assoiffée. Cette explication romantique ne recouvre pas la réalité : il semblerait plutôt que la porte de sortie ne soit due qu'à un glissement de terrain relativement récent entre les rochers qui supportent le mur à cet endroit.
A deux pas de là, le mur disparaît soudain presque complètement, mais les rochers alentours révèlent son berceau. Des rochers affleurent, les uns ont les bords brisés nets, les autres présentent des stries : en versant du sable, un outil de bois permettait d'user la roche et d'y creuser une fente ; lorsqu'elle était assez profonde, on y enfonçait des coins en bois qu'on arrosait : le bois gonflait et faisait éclater la pierre. Ingénieux pour des gens qu'on considère souvent comme des primitifs. Il ne restait qu'à transporter la pierre sur quelques mètres, puis de la monter, sans engin : pas si simple ! Si le mur a disparu ici, c'est parce que les constructeurs du château de Dreistein l'ont abondamment utilisé comme carrière : on retrouve en effet dans ses murs des pierres portant encore les entailles en forme de queue d'aronde qui permettaient de lier entre elles les pierres du mur païen.
Dans cette forêt sombre, un mur transversal coupait jusqu'au rocher du Stollhafen, reliant les deux versants tout proches l'un de l'autre. C'est ici aussi qu'un sentier dégringole à travers les rochers sur la pente raide jusqu'à la belle ruine du château de Dreistein, en grand danger maintenant de disparaître, faute d'entretien.
> Le château de Dreistein
Le mur, ou ce qu'il en reste, continue de descendre doucement. La forêt s'éclaircit et voici la première porte découverte sur son tracé, par un archéologue amateur du 19ème siècle : Eugène Koeberlé, originaire de Sélestat, chirurgien réputé, inventeur de techniques opératoires abdominales toujours utilisées, mondialement connu, sauf en France, comme il se doit. Nul n'est prophète en son pays.
Le sentier continue en pente douce dans une futaie éclairée d'une lumière douce, au milieu des fougères et des broussailles. Le mur est toujours très bas, et il tend de nouveau à disparaître quand il arrive à l'extrémité nord de l'éperon où se trouve maintenant la ruine du château de Hagelschloss.

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4. Du Hagelschloss au Mont Sainte Odile
Il faut descendre le sentier raide, le long de la pente, au pied des rochers, Il mène à la partie la plus spectaculaire du château : un formidable arc de décharge relie le sommet des rochers et permettait d'augmenter la surface disponible. Etant enfant, je le connaissais par des photos ; la découverte de cette construction cyclopéenne, dans la forêt obscure de ce versant, m'avait fait une profonde impression.
> Le château de Hagelschloss
C'est ici la partie la plus décevante du mur païen. A travers une forêt semblable à mille autres forêts, il n'y a plus rien. Les fougères envahissantes ont-elles tout caché ? La construction du Hagelschloss a-t-elle tout fait disparaître ? Nous sommes maintenant trop loin du château. C'est à se demander - et les archéologues l'ont fait - si le mur ici a jamais existé. Projet pharaonique trop ambitieux et devenu inutile, cette extension vers le nord a peut-être marqué l'abandon d'une entreprise trop prétentieuse. Pourtant un peu plus loin, sur le chemin qui mène à l'autre extrémité du Plateau des Fées et de l'Elsberg, on a mis à jour les restes d'une porte comparable aux autres. Pourquoi construire une porte pour franchir un mur qui n'existerait pas ? A moins que cette enceinte n'ait pas de vocation militaire et ne soit qu'une barrière symbolique, celle d'un enclos sacré, dans lequel on ne pénètre pas sous peine de la mort qui attend l'imprudent qui voudrait approcher de trop près la divinité...
On retrouve le mur sur le rebord est du plateau. Parfois, quand il longe des rochers, il disparaît même comme s'il ne servait plus à rien. Ici, le sentier plonge à l'extérieur du mur, au pied des rochers, dans une forêt touffue et sombre. Il rejoint la perle du mystère de la montagne sainte, le Wunderpfad, sentier des merveilles.
Ici, on retient son souffle, avec la sensation d'avoir quitté le monde des humains pour celui des elfes, des nains et des fées. Les feuilles bruissent du souffle de la légende. De temps en temps les arbres s'ouvrent sur une vision magique. C'est ici que j'ai eu la vue la plus sublime du Mont Sainte Odile. Parti d'Ottrott, j'étais monté par les châteaux et par l'Elsberg, par un temps d'octobre, noyé sous la brume. J'ai emprunté le Wunderpfad, où j'ai émergé dans le soleil. Et à ce moment, les arbres se sont ouverts sur une vision d'un autre monde : surgissant de la brume, la montagne sainte resplendissait au soleil. Un moment d'émotion intense, les larmes aux yeux, une apparition surnaturelle. Ainsi Parsifal dut-il voir apparaître les tours de Montsalvat et la forteresse du Saint Graal.
Le sentier monte, descend, serpente au pied des rochers. Il passe près d'une petite excavation à la base d'un haut rocher, qu'on appelle Grotte d'Etichon, du nom du père de Sainte Odile, mais sans rapport avec lui. Puis la forêt s'ouvre sur un vaste carrefour où on retrouve le mur. Tout près de là, un curieux petit rocher porte le nom de Stollhafen, à cause de sa ressemblance avec un pot posé sur des pieds.
Le mur suit encore le rebord, jusqu'au rocher d'Oberkirch. Le sentier, en contrebas, a retrouvé la lumière, dans les taillis et les myrtillers. Le rocher s'avance vers la plaine et domine l'étroit vallon de la voie romaine. Il porte ce nom parce qu'on pouvait y apercevoir le petit château d'Oberkirch, à Obernai. A son extrémité, un sanglier est dessiné dans le grès : symbole celte antique ou plaisanterie moderne ? Nul ne le sait.
Le sentier dégringole le long du rocher vers la voie romaine, qui passait à ses pieds. Le passage est lugubre, un vrai coupe-gorge. Tout près, s'ouvre le pré de la Grossmatt. Puis on escalade l'autre versant du vallon. Le mur remonte vers le sommet, ultime effort pour rejoindre le centre du sacré. Dans la sombre futaie, il s'efface. Il n'a plus accès à la montagne sainte. La patronne de l'Alsace a chassé les fantômes du passé. Quand on grimpe les derniers lacets, on a l'impression d'accéder à un autre monde et de sortir d'un rêve.

© Bonnet 2003

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