Avertissement :
le texte décrit le sentier tel que je l'ai parcouru il y a une trentaine d'années. Des choses ont pu changer depuis ! Si vous voulez partir sur mes traces, prenez la précaution de préparer votre randonnée avec les outils d'aujourd'hui (cartes, guides...), c'est plus prudent !
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Saverne est une des seules villes importantes que traverse le sentier au rectangle rouge. Elle est aussi située à la charnière de deux mondes. En arrière, la pénéplaine relevée puis arasée une nouvelle fois par l'érosion, échancrée de profondes vallées aux pentes raides, dont les sommets plats, lourds et massifs, se découpent sur l'horizon comme un alignement de kougelhopfs. Devant moi, les premiers chaînons du massif vosgien, qui s'élèront graduellement, comme le faîte d'un toit, marche triomphale qui culmine en apothéose dans la coupole byzantine du Grand Ballon, face à l'irréelle ciselure d'argent et de diamant des Alpes suisses, déployée comme un reflet d'un autre monde.
Comme au Tour de France, prenons une journée de repos, pour flâner dans les rues de la vieille ville, à l'évocation des romains qui l'ont fondée au pied de la côte qui mène en pays de Lorraine, au souvenir des fastueux princes-cardinaux de Rohan, évêques de Strasbourg qui demeuraient là et ont légué à la ville un palais digne de leur cour royale, ou à l'émerveillement des fleurs qui ont fait la gloire de la cité...
> Histoire de Saverne
> Visite de la ville
C'est ici que le canal de la Marne au Rhin rejoint la montagne pour une traversée épique. En voici une écluse, encaissée entre les rues étroites. Naguère encore on avait cru à un renouveau de la navigation sur ce petit canal, grâce à la mise en service du Plan Incliné d'Arzwiller. Mais le gabarit était trop faible et il n'est plus guère utilisé que par quelques péniches et surtout des plaisanciers.
Le chemin m'entraîne maintenant vers les maisons neuves qui s'étagent sur les pentes du Haut-Barr, et c'est ainsi que je quitte la ville.
Le regard embrasse un paysage attachant ; la cité qui s'étend à mes pieds, blanche devant le vert pâle des campagnes et le vert sombre des forêts du mont Saint Michel, un des hauts-lieux druidiques de la région que le christianisme médiéval a voulu convertir et sortir du paganisme en y construisant une chapelle et en le plaçant sous le patronage et la protection d'un archange. Mais le vaste bassin creusé dans le rocher nous parlera toujours de ces ancêtres mystérieux et de leur religion de la nature.
Les Vosges s'ouvrent maintenant devant moi. Non plus les collines qui se profilent encore dans le lointain et que je viens de traverser, qui sont simplement le prolongement des collines palatines, mais la vraie montagne vosgienne. On ressent comme un frisson, en franchissant la porte d'un nouveau monde, d'un sanctuaire sacré .
Dans le lointain, dominant la forêt d'une cime voisine, scrutant la vallée de la Zorn, se lève la ruine du Griffon.

© Bonnet 2003

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