Histoire du Grand Geroldseck...
Le Haut-Barr dresse depuis peu ses murailles sur les hauts rochers de Borre. Dès lors, les domaines de labbaye de Marmoutier, qui relèvent de l'évêché de Metz, sont menacés ; le Père Abbé de cette grande communauté décide alors la construction dun château. Ainsi, à un quart dheure de marche de lorgueilleux burg des évêques, sur un spacieux rocher, naît un château. Il sera tenu par un avoué de haut rang pour cette abbaye princière ; cet homme, qui doit gérer les biens de labbaye et mener ses guerres, va régner sur une grande seigneurie qui porte le nom de Marche ; malgré cela, la famille ne porte pas le titre de comte. Cest ainsi quen 1127, nous voyons apparaître un sire Othon de Geroldseck.
Les sires de Geroldseck ne tardent pas à profiter de leurs fonctions ; par exemple, lavoué a le droit de faire entretenir son cheval à Marmoutier, toute la famille en fait autant. Eclatent alors les premières querelles entre les dynastes et les abbés : quel membre de la famille a charge davoué ?
En 1256, Bourcard IV de Geroldseck est à la tête de la dynastie. Déjà, il ne réside plus au château, mais à Marmoutier ; les Wangen occupent alors le château ; en 1269, Bourcard et Sinon de Geroldseck donnent un arrière-fief à Guillaume et Albert de Schynach, et à Anselm et Othon dIchtratzheim, à charge pour eux de le défendre.
Bourcard est allié de lévêque contre le duc de Lorraine Ferry III ; la guerre se termine mal, car il doit sengager à servir le duc pendant 10 ans comme homme-lige. En 1286, il est libéré, et recommence à piller consciencieusement le patrimoine de labbaye quil est censé protéger. Aucun avertissement ny fait rien, dautant plus quon les envoie au château, où Bourcard nhabite plus. Néanmoins, à cette même époque, l'évêque de Strasbourg intervient lui-même pour sommer les Geroldseck de nommer celui de leur famille qui sera avoué de l'abbaye et les menace même d'excommunication.
Commencent alors les partages. La famille s'agrandit, se ramifie, des branches naissent, d'autres s'éteignent. En 1359, à la mort, sans postérité, de Jean de Geroldseck, Ulric de Fénétrange reçoit des mains de lévêque de Metz, Adhémar de Monteil, suzerain de labbaye, un quart de la Marche de Marmoutier, un quart des châteaux de Geroldseck, un quart de l'avouerie... Néanmoins, Volmar de Geroldseck, finit par récupérer la totalité de la seigneurie. Mais en 1381, Volmar n'a pas non plus de descendants, mais le fief de lévêché de Metz est masculin ; une première tentative dobtention du droit de quenouille pour ses surs échoua. Finalement, en 1381, lévêque Dietrich Bayer de Boppart accorda que la moitié de la Marche passerait à sa mère et à ses surs, lautre moitié revenant à lévêché.
Le traité de 1381 ne tarde pas à être mis en application, car Volmar quitte ce monde en 1390. Walpurge de Lutzelstein, sa femme, Cunégonde de Geroldseck, épouse de Rodolphe dOchsenstein, et Adélaïde de Géroldseck, fiancée quatre ans plus tard à Erhart de Wangen, ses surs, prennent possession de la moitié de la seigneurie. Henri de Lutzelstein, le frère de Walpurge reçut lautre moitié des mains de lévêque de Metz, à titre de fief oblat, et il s'empresse de l'engager à l'évêque de Strasbourg.
On signe une paix castrale, on promet de se revoir une fois lan, et on place ses parts sous la protection dun grand seigneur (le palatin Robert pour les Ochsenstein), et on nomme un bailli qui résidera au château et soccupera de tout. Puis, au début du 15ème siècle, les Wangen obtiennent une part du château et le droit d'accoler le nom de Geroldseck au leur.
A la fin du 15ème siècle, le bailli Sébastien dAndlau sest découvert une vocation de chevalier brigand. Les plaintes sont telles quun beau jour, le bailli impérial, le palatin Frédéric, lévêque Robert de Strasbourg et le duc Nicolas Il de Lorraine mettent le siège au château qui est pris et démantelés ; on fait sauter les rochers de base pour éviter toute reconstruction.
Le château est en ruines depuis cette époque.
Au 17ème siècle, l'évêque de Strasbourg, François Egon de Furstenberg rachète la Marche, mais comme il doit en rendre hommage au Roi de France, il accepte la proposition de labbaye de racheter les deux ruines, en 1704. Jusquen 1789, labbaye les posséda, après quoi ils passèrent à lEtat.