Les sentiers de randonnée traversent parfois des vergers qui ont tout l'air abandonnés, couverts de fruits qui pourrissent par terre. On aurait bien envie de se servir pour éviter le gaspillage... Mais ce n'est pas si simple. Voici quelques points de repère :
  • Ce qui pousse, où que ce soit, cultivé ou non, appartient au propriétaire du sol. Il en va évidemment de même pour les fruits tombés à terre. Il est évidemment quasiment impossible, au cours d'une rando, de connaître le propriétaire du terrain (particulier, collectivité locale, Etat) pour lui demander une autorisation.
  • Même si un verger paraît en friche, s'il est envahi par des herbes folles et si les fruits pourrissent par terre, ce n'est pas un indice suffisant pour supposer son abandon. En général, le propriétaire d'un tel verger ne s'opposera pas à un ramassage modeste, surtout si lui-même ne le fait pas. Si personne ne vous voit faire, c'est sans problème ; le cas échéant, ce serait au propriétaire de prouver que ces fruits viennent bien de chez lui, à moins qu'il possède toute la région où vous êtes, on ne voit pas bien comment il ferait...
  • Si un verger, même ouvert, est manifestement entretenu, même s'il y a des fruits par terre, ça ne vous autorise pas à vous servir.
  • Si le verger est clôturé, l'accès en est évidement interdit ; même si tout laisse à penser qu'il est abandonné, si vous passez outre, vous êtes doublement en infraction. Notez bien que même s'il s'agit d'une propriété clôturée dont le portail est ouvert et l'accès facile, même s'il n'y a manifestement personne et aucune pancarte, la situation est la même. Même si les fruits sont tombés à l'extérieur de la clôture, ils appartiennent au propriétaire.
  • Il en est d'ailleurs de même partout : si un arbre de votre voisin dépasse chez vous, les fruits qui tombent chez vous appartiennent encore au voisin, qui dispose d'un droit d'accès chez vous pour venir les récupérer (à condition de vous informer au préalable). Evidemment, si vous ramassez ces fruits discrètement et qu'il ne reste plus rien, le voisin ne peut rien réclamer, d'autant plus que le débordement de l'arbre chez vous peut constituer un trouble de voisinage que vous pouvez le contraindre à faire cesser (vous pouvez le contraindre à couper les braches qui dépassent, à ses frais ; le cas échéant, il doit pouvoir passer chez vous pour le faire, mais vous n'avez pas le droit de le faire vous-même, sauf accord avec le voisin)
  • Il en va de même avec les fruits non cultivés, mais il faut être doublement prudent :
    • Certains fruits sauvages sont comestibles, d'autres non et certaines baies sont mortelles : voir la page plantes toxiques
    • même les fuits comestibles (fraises des bois, mûres, myrtilles) sont à utiliser avec précautions : ils peuvent avoir été contaminés par un parasite dangereux et susciter une maladie redoutable, l'échinococcose. Le parasite n'est éliminé qu'à la cuisson (tartes, confitures,...) mais il est imprudent de grapiller au bord du chemin, même si c'est tentant.
    Des précations analogues s'appliquent aux champignons.
  • Notez qu'une réglementation particulière s'applique au vignoble et que le grapillage est interdit, surtout en période de vendanges. De toute façon, une vigne abandonnée ne donnera jamais des grappes appétissantes ; de plus les traitements chimiques du vignoble (comme de bien des vergers) sont toxiques et nécessitent de laver soigneusement les fruits ou de les peler.