Le tour des Vosges en 365 jours

15 mars


Photos Bernhard Kraasch et Patrick Giraud (Wikimedia Commons, licence CC-GNU)

Plan incliné d'Arzviller

Voulu par Louis XVI, le canal de la Marne au Rhin n'est réalisé qu'entre 1836 et 1838. Il devait franchir deux obstacles naturels : la ligne de côtes qui limite le bassin parisien et les Vosges du Nord par la trouée de Saverne. Le premier des obstacles est franchi par deux tunnels de 4 877 m (entre la Meuse et la Moselle) et de 867 m. Puis il aborde les Vosges entre Niderviller et Arzviller, franchit deux tunnels de 475 m et 2 307 m, et débouche dans la vallée de la Zorn gâce à une échelle de 18 écluses (distantes en moyenne de 180 m, un des biefs mesurait 25 m) qui permettait de franchir une dénivellation de 44 mètres jusqu'à Lutzelbourg. C'était un passage long et difficile pour les bâteliers qui avaient besoin d'une journée pour parcourir 20 km.
Dans les années 1960, on envisage la réalisation d'un ouvrage permettant la montée d'un bac-écluse transversal : le Plan incliné d'Arzviller - Saint Louis, mis en service en 1969, est unique en son genre en Europe.
Il permet une économie de temps (il faut à peine une heure de Lutzelbourg au tunnel), de fatigue, mais aussi d'eau ; la traction des péniches dans le canal était d'abord assurée par des chevaux, puis par des tracteurs sur rails, enfin par des moteurs embarqués : dans ce domaine aussi, l'économie était substancielle. Le bac monte le long de la rampe grâce à un contrepoids, équilibré par deux petits moteurs électriques de 90 KW chacun (ce qui est très faible pour la masse transportée) qui régule sa vitesse.
Quelques chiffres :
  • la rampe en béton armé avec rails en acier permet un déplacement horizontal de 108,6 mètres sur une dénivellation de 44,50 mètres (soit une pente de 41 % et un angle de 22°)
  • le bac en acier est long de 41,50 m, large de 5,50 m et profond de 3,20 m (contenance 730 m3) ; le chariot est aussi en acier (poids total 900 tonnes, vitesse de 0,60 m/s, soit 2,2 km/h)
  • quatre portes levantes (deux pour le bac et une pour chaque bief) ;
  • deux contrepoids sur chariots guidés en béton de 450 tonnes chacun. Chaque contrepoids est raccordé au bac par 14 câbles d’acier de 27 millimètres de diamètre
  • dans la salle des machines, deux treuils entraînés chacun par un moteur électrique de 90 kW assurent la manœuvre et n’ont que le frottement et l’inertie à vaincre pour déplacer la charge
  • un groupe électrogène permet de garantir le fonctionnement du plan incliné en cas de longue coupure de l’alimentation en électricité.
A l’origine, deux bacs étaient prévus pour le transport des péniches mais, avec le déclin rapide du transport fluvial, un seul fut construit et mis en fonction, et cette installation géniale ne sert plus guère que pour les bateaux de plaisance (10 000 pr an ; le trafic de marchandises est passé de 5788 bateaux par an en 1969 à 284 en 2004, celui des bateaux de plaisance a suivi l'évolution inverse).
Le plan incliné peut accueillir un trafic de 39 péniches par jour, avec une montée réalisée en 4 minutes et un temps de parcours total de 20 minutes entre l’entrée et la sortie du bateau. La baisse des activités de transport fluvial est en partie compensée par le trafic touristique avec le passage de quelques 10 000 bateaux de plaisance par an.
Chaque année, le site accueille environ 150 000 visiteurs : c'est le site de Lorraine le plus fréquenté ; il est ouvert d'avril à octobre.

Accès
  • depuis Saverne, D 132 vers Lutzelbourg puis D 98 vers Dabo (vue vers l'ouvrage avant la D 97B) puis D 97B pour arriver en haut de la rampe
A proximité
  • Tunnels d'Arzwiller (par D 98, accès malaisé)
  • château de Lutzelbourg (D 98A juste avant Lutzelbourg puis sentier)
  • Wasserwald (D 98A jusqu'à Hultehouse puis sentier croix jaune puis disque jaune ; 4 km, 1 h)
  • vallée de la Zorn
  • Rocher du Nutzkopf (D 98D jusqu'à Hellert puis rectangle jaune ; 1 km, 1/4 h)
  • Dabo (D 98C puis D 48)
En savoir plus :